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[WILDCAT]

« De Gaulle et l’Afrique, les chemins de la liberté », documentaire en deux épisodes de 52 minutes de Ben Salama, réalisé par Antonio Wagner et produit par l’INA. Diffusion sur France Ô le 15 septembre à 20h 35 et sur la chaîne Histoire le 29 septembre. Entretien avec l’auteur.

Que dit votre film de la relation de De Gaulle à l’Afrique ?

J’ai voulu démystifier cette idée que les indépendances seraient données quasiment sur un plateau d’argent par De Gaulle aux Africains. Non ! Ce film montre et démontre qu’ils se sont battus pour l’avoir. Certes pas comme en Algérie, mais il y a eu des révoltes et des violences.

Son rôle véritable alors ?

De Gaulle a su canaliser ce mouvement qui réclamait l’autonomie puis l’indépendance. La France, bien avant le retour de De Gaulle aux affaires en 1958, a réduit les territoires africains en tout petits pays divisés, tout en favorisant l’émergence d’une élite francophile comme Senghor et Houphouët. D’ailleurs, c’est cette élite que la France installera au pouvoir après les accords d’indépendances… C’était des indépendances sous influence avec une monnaie inféodée à la Banque de France et des accords militaires qui laissaient peu de marges diplomatiques aux nouveaux pays.

‘’Les chemins de la liberté’’ dites-vous donc !?

Si la France a été libérée, c’est grâce à son empire colonial, en particulier l’Afrique. Les chemins de la liberté sont passés par l’Afrique pour De Gaulle, non seulement grâce à ses troupes coloniales mais aussi en devenant une terre de repli pour les Français Libres. Le ralliement de nombreux Français d'Afrique a permis à l'homme du 18 juin de lancer le 27 octobre 1943 son manifeste pour la création d'un gouvernement provisoire et de créer le Conseil de défense de l'Empire. A cette occasion, il fait de Brazzaville la capitale de la « France Libre » en dehors du contrôle et des pressions de Churchill.

De leur côté, les Africains ont pris conscience de leur capacité à se libérer, après le souffle de la liberté issu de le deuxième Guerre Mondiale. La Charte de l’Atlantique, prônée surtout par les Américains, reconnaissait à tous les peuples le droit de disposer d’eux-mêmes. Et en libérant la Métropole, les Africains sont entrés dans un mouvement de citoyenneté. Ils ont cessé d’être des sujets… et refusé d’être traité comme avant.

L’ancien Président du Conseil Constitutionnel, Yves Guéna, révèle un secret d’Etat ?

Oui, il révèle que De Gaulle voulait supprimer physiquement Sékou Touré, à qui il n’a jamais pardonné d’avoir fait voter non en Guinée, lors du référendum de 1958, et d’avoir par conséquent pris l’indépendance avant les autres pays. Et on peut difficilement soupçonner Yves Guéna, ce gaulliste convaincu, d’inventer ce fait historique très important pour « se faire mousser » au détriment de De Gaulle. Il y a aussi deux autres révélations historiques importantes. La veille de la visite de De Gaulle à Dakar en 1958, Senghor et Mamadou Dia, en désaccord sur la question de l’indépendance, se retrouvent en Normandie pour essayer de trouver une position commune face à De Gaulle. Ils n’ont pas réussi à s’entendre. Ce qui expliquera leur absence quand De Gaulle arrive à Dakar.

Et enfin, je me suis toujours demandé : comment se fait-il que les parlementaires noirs africains à l’Assemblée nationale et au Sénat de l’époque et les ministres tels que Senghor ou Houphouët ne se soient jamais exprimés publiquement sur la guerre d’Algérie, l’événement important de l’époque. J’ai découvert que Dia et Senghor avaient écrit un courrier confidentiel à De Gaulle pour lui dire qu’il fallait résoudre rapidement la question algérienne, que sinon, il y aurait des répercussions en Afrique noire.

Quel bilan des indépendances ?

Ma conviction : le développement ne précède pas la démocratie, c’est la démocratie qui doit précéder au développement. Si l’Afrique ne s’est pas développée, c’est parce que la démocratie ne s’est pas développée durant ces cinquante dernières années. La France a sa part de responsabilité. Elle a formé des élites, les a installées après l’indépendance, mais ces élites étaient coupées de leurs peuples.

Photos : Darnel Lindor / DR.

http://www.respectmag.com/2010/09/13/%C2%AB-de-gaulle-et-l%E2%80%99afrique-%C2%BB-de-ben-salama-4195

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"La seule richesse naturelle d'un pays est son peuple"