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La dimension africaine de la traite des noirs
27/08/2002
 

Et sa perception de l'autre côté du miroir
 
Par Paul Yange
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Au Congo-Zaïre, Diego Cao, sujet portugais, à la recherche de la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance, débarque l'année 1482. Progressant le long des côtes africaines, il découvre le pays. C'est l'aube des temps portugais. Sept ans plus tard, 1489, l'ambassade congolaise est reçue officiellement à la cour de Lisbonne. Les ambassadeurs restent quelques mois au Portugal, le temps nécessaire pour apprendre la langue et la doctrine. Le 19 décembre 1490, ils sont baptisés. Devenus hommes et fils de Dieu, ils retournent au Congo avec cinq missionnaires. La mission a commencé. Mission, on le sait, fondée sur le principe de la tabula rasa : tout démolir. Le roi Nzinga, roi du royaume Kongo, reçut les missionnaires et leurs cadeaux. A sa mort, son fils Nzinga Mbemba, intelligent, lisant et écrivant le portugais et le latin, sera baptisé sous le nom d'Affonso et entretiendra une correspondance diplomatique avec Lisbonne et Rome.

Ces rapports, cependant, ne tarderont pas à s'effriter. Les querelles des missionnaires, le mauvais vouloir des agents civils développant à outrance la traite des Noirs vont gêner les efforts du roi chrétien en faveur de la christianisation de son peuple. Les Portugais se comportant en vandales en pays ami, le roi du Kongo écrira :

« Vous ne pouvez pas mesurer la dimension de tort qui nous est fait, car les commerçants (portugais) mentionnés plus haut capturent chaque jour nos sujets : des fils du Pays et des fils de notre noblesse, de nos vassaux, de nos parents... Ils prennent avec eux des voleurs et des hommes sans scrupules car ils voudraient de préférence posséder tout ce qui serait à posséder dans notre Royaume... Ils les capturent et les vendent ensuite. Leur corruption et leur indiscipline sont telles, Votre Majesté, que notre pays est en train de se dépeupler à toute allure...
Pour empêcher ces pratiques, nous ne nécessitons de votre Royaume que des prêtres et des maîtres qui vont enseigner dans des écoles et nous ne voulons pas d'autres marchandises que du vin et de la farine pour le Saint Sacrement : c'est pourquoi nous prions Votre Majesté de nous aider dans cette affaire et de nous prêter assistance, en donnant l'ordre à vos agents de ne pas envoyer de commerçants ni de marchandises ici, car notre volonté est qu'il ne doit exister dans ces royaumes (au Kongo) ni commerce, ni marché d'esclaves.»




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Les portugais lui répondront que le royaume du Kongo n’avait rien d’autre à vendre. La demande d’Affonso ne sera pas exaucée alors que Henri, fils d'Affonso, après avoir étudié dix ans au Portugal, sera envoyé en ambassade à Rome, reçu par le pape Léon X et nommé évêque en 1513. La traite sera bénie comme une œuvre « évangélisatrice », c'est-à-dire « civilisatrice ». Tout se justifiait. Sans mettre fin au trafic, Affonso réglementa et limita les exportations d’esclaves aux étrangers et aux condamnés. Son royaume s’étendit et dura jusqu’au milieu du 17è siècle. (1)

Cet adversaire de la traite se laissera peu à peu convaincre de l'utilité et de la nécessité de ce commerce. En effet, parmi les marchandises proposées en échange des hommes, les fusils occupent une place de choix. Et seuls les Etats équipés de ces fusils, c'est-à-dire participant à la traite, peuvent à la fois s'opposer aux attaques éventuelles de leurs voisins et développer des politiques expansionnistes.


 
 

Les Etats africains se sont donc, si l'on peut dire, laissé piéger par les négriers européens. Le commerce ou la mort : au coeur de tous les Etats côtiers ou proches des zones de traite se trouve la contradiction entre la raison d'Etat, qui commande de ne négliger aucune des ressources nécessaires à la sécurité et à la richesse, et les chartes fondatrices des royautés qui imposent aux souverains de préserver la vie, la prospérité et les droits de leurs sujets. D'où la volonté, de la part des Etats engagés dans la traite, de contenir celle-ci dans des limites strictes. Aux Français qui lui demandent l'autorisation d'ériger une factorerie, le roi Tezifon d'Allada fait en 1670 cette réponse dont on appréciera la lucidité : « Vous allez construire une maison dans laquelle vous mettrez d'abord deux petites pièces de canon, l'année suivante vous en monterez quatre, et en peu de temps votre factorerie va se métamorphoser en un fort qui va faire de vous le maître de mes Etats et vous rendre capables de m'imposer des lois. » De Saint-Louis du Sénégal à l'embouchure du fleuve Congo, les sociétés et Etats locaux vont pour la plupart réussir dans cette politique pour le moins ambiguë de collaboration, de suspicion et de contrôle. (2)


 
 

Il convient toutefois de souligner que certains rois africains furent moins scrupuleux que Affonso Nzinga Mbemba. Au début du 18è siècle, les rois du Dahomey (Benin) devinrent des acteurs importants de la traite transatlantique, livrant des guerres aux Etats voisins afin de capturer des esclaves. Le roi Tebegsu gagna une somme avoisinant 250 000 livres en une année en 1750. Le roi Gezo déclara en 1850 qu’il ferait tout ce que les britanniques voulaient excepté l’abandon du commerce des esclaves : « le commerce des esclaves est un mode de gouvernement chez moi. Il est source de gloire et de richesse… »
L’existence de ces rois négriers et de leurs royaumes qui servirent de rabatteurs aux marchands d’esclaves européens a permis à certains historiens occidentaux de renverser la charge de la culpabilité en faisant des africains les principaux responsables de la traite des noirs. Pourtant, comme le souligne Rosa Amelia Plumelle Uribe (3), « La France collabora avec l’Allemagne Nazie, et livra une partie de sa population juive aux camps de la mort, mais nul en France ne songerait à mettre la responsabilité des français sur le même plan que celle de l’Allemagne hitlérienne …»


L'île de Gorée, point de départ de nombreux esclaves africains vers les Amériques  
L'île de Gorée, point de départ de nombreux esclaves africains vers les Amériques
 

Les voix officielles des pays occidentaux apportent également des contributions décisives à l’embellissement de l’histoire, souvent transformée en légende destinée à l’édification des citoyens. Ainsi l’histoire longue de près d’un siècle de l’abolition de l’esclavage est souvent présentée comme une « affaire de blancs » dans laquelle les humanistes héritiers des lumières se battirent contre les intérêts économiques pour obtenir la liberté des Noirs. La reconnaissance du rôle des humanistes occidentaux n’empêche pourtant pas de mentionner celui des insurrections noires (qui accélèrent dans bien des cas les décisions d’abolition) qui ont émaillé l’histoire des Etats-Unis à partir de 1830 et celles qui font la trame de l’histoire des Caraibes au 18è et 19è siècles. Elles sont passées sous silence par les histoires officielles, de même que les contradictions de l'occident ne sont pas toujours soulignées. En France lors des cérémonies commémorant l’abolition de l’esclavage en 1848, on oublia de mentionner que l’esclavage fut aboli une première fois en 1794 et rétabli en 1802 par Napoléon Bonaparte.

Nourri de tous ces discours ne donnant pas une réelle connaissance de ce que fut l’esclavage, encore moins de ce que fut l’histoire en dehors de l’occident, le citoyen occidental se montre parfois réservé quand ses dirigeants essayent d’infléchir le discours dominant. En proposant en 1997 que le congrès des Etats-Unis présente ses excuses aux noirs américains pour la période de l’esclavage, un élu démocrate eut la surprise de recevoir un abondant courrier de protestation. Un de ses correspondants estima même que c’est à lui que l’Etat devait présenter des excuses pour avoir dépouillé son grand-père de ses esclaves. D’autres jugèrent que les noirs américains devraient être reconnaissants aux esclavagistes de les avoir tiré d’Afrique. Selon deux sondages effectués sur le sujet, deux Noirs sur trois étaient favorables au projet et deux Blancs sur trois lui étaient hostiles…(4)


(1) Onokundji Ekavu Okanga, « les entrailles du porc épic », éditions Grasset, 1999.

(2) Elikia Mbokolo, « la dimension africaine de la traite des noirs », le monde diplomatique, avril 1998

(3) Rosa Amelia Plumelle Uribé « la férocité blanche : des non-blancs aux non aryens, génocides oubliés, éditions Albin Michel 2001

(4) Sophie Bessis « l’Occident et les autres, histoire d’une suprématie » Editions la Découverte 2001






       
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