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Dieudonné Gnammankou: « Aujourd’hui il est dangereux d’être noir en Russie »
04/04/2005
 

De Pierre le Grand à Poutine, la condition des noirs en Russie est une lente descente aux enfers.
 
Par Rédaction Grioo.com
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Dieudonné Gnammankou est historien, spécialiste de l’histoire de la littérature russe des 18ème et 19ème siècle ainsi que de l’histoire de l’Afrique noire et de sa diaspora. En 1996, il publia la première biographie historique de Abraham Anibal, l’aïeul noir africain de celui qui est considéré comme le fondateur de la littérature moderne russe, le poète et écrivain Alexandre Pouchkine. En découvrant ses origines proches de l’actuel Cameroun, il mit fin à un siècle d’incertitude et de polémique en Russie et reçu, en 1999, le prix Pouchkine de la fondation Russe pour la Culture pour l’ensemble de ses travaux. Installé actuellement en France dans la région parisienne, il dresse lors de notre entretien un tableau passionnant de l’histoire des africains en Russie, illustré par l’histoire peu commune de cet ancêtre pouchkinien ainsi que par sa propre expérience, puisqu’il passa près d’une dizaine d’années en URSS. Passionné par la culture russe, il dresse néanmoins un tableau tragique de la condition actuelle des noirs africains en Russie.

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Dieudonné Gnamankou  
Dieudonné Gnamankou
© gnammankou.com
 

Qu’est ce qui vous a poussé à quitter le Bénin pour faire vos études en URSS ?

J’ai tout simplement obtenu une bourse de langue du centre culturel soviétique pour étudier en URSS en 1984. A l’époque le Bénin avait un régime socialiste et le président Kérékou avait initié un rapprochement avec l’URSS. La compétition Est/Ouest était aussi sur le terrain universitaire, et l’URSS offrait une centaine de bourses par an au Bénin.

Comment s’est passée l’immersion dans cette culture très différente de la votre?

Nous étions partis en URSS avec un groupe d’étudiants béninois. On était enthousiastes car on voulait découvrir ce pays qui nous fascinait. La première impression a été positive malgré le contraste culturel et social. Tout était en effet radicalement différent : la culture, le système et la vie de tous les jours… Il n’y avait par exemple pas de supermarchés, mais un système de boutiques. Donc les premiers jours ce fut laborieux pour expliquer à la vendeuse qu’on voulait 50g de beurre… Mais la prise en charge par le système éducatif et la méthode d’enseignement était relativement efficace. La première année a été celle de l’adaptation et d’apprentissage de la langue. On avait un soutien permanent de la part de professeurs compétents et très disponibles. De ce côté, on a eu un très bon accueil. Au bout d’un an on parlait ainsi russe et on pouvait intégrer la classe avec les autres russes. Dans la population, les gens étaient au premier abord accueillants. Par la suite cela a été un peu plus mitigé. Il y avait des injures dans la rue, on découvrait aussi le racisme car en tant qu’africains on ne l’avait jamais subi mais seulement entendu parler ou lu. Mais à l’époque c’était tout de même marginal. On sympathisait facilement avec les gens, avec les jeunes filles. Le clivage en URSS était plutôt entre russes et étrangers plutôt qu’entre noirs et blancs. Les gens vivaient dans un pays fermé et étaient dans l’ensemble curieux de côtoyer les étrangers. Donc les 6 premières années que j’ai passées en URSS étaient les meilleures années de ma vie. On a assisté à tous les changements et à la fin de l’URSS. Les professeurs par exemples se retrouvaient complètement sans repères. Ceux qui d’habitude faisaient l’apologie de l’URSS se mettaient à la critiquer. Tout cela était intense à vivre car on avait 20 ans, on était un peu à l’aventure, on a lié beaucoup d’amitiés avec des étudiants de tous les pays africains ainsi que des îles du pacifique, d’Asie, d’Amérique latine…

 
 

Qu’est ce qui à changé après cette période de 6 ans ?

A la fin de 1990 déjà ça se gâte. La nouvelle Russie émerge avec des sentiments anti-noirs. Des groupes de skinheads apparaissent et cherchent systématiquement la bagarre avec les africains. Ils venaient à la résidence universitaire pour « se battre avec des noirs » comme ils disaient. On a été obligé à cette époque de créer des groupes d’autodéfense pour repousser ces groupes qui venaient nous attaquer. Et ça a été de pire en pire. Mais on n’a pas vécu ce que vivent aujourd’hui les africains en Russie.

C’est difficile d’être africain en Russie, aujourd’hui ?

Oui. Je devais aller à Moscou le 15 septembre pour un colloque très important. Mais mes amis russes, les chercheurs avec lesquels je suis en contact et les africains qui sont encore là-bas m’ont tous vivement déconseiller d’y aller à cause de ce climat raciste trop dangereux.

A quoi est dû ce racisme ?

Les conditions de vie sont globalement plus difficiles maintenant que du temps de l’URSS. Les Russes dans l’ensemble vivent mal et dans ces conditions les étrangers et les minorités sont toujours des cibles privilégiées. Il y a depuis une dizaine d’année un grand problème d’insécurité en Russie qui touche tous les russes et les plus faibles dans ce cas sont toujours les minorités les plus visibles, dont les noirs.

La couverture de l'édition russe du livre sur Abraham Anibal  
La couverture de l'édition russe du livre sur Abraham Anibal
© gnammankou.com
 

Qui sont les premières victimes de ce racisme ?

Disons que les caucasiens – géorgiens, Kazakhs, Azéris, tchétchènes… - sont les plus nombreux et les plus touchés surtout depuis le 11 septembre. En ce moment il y a une mauvaise humeur générale et un nationalisme qui est exploité par tous les partis politiques russes et qui a pour cible principale les caucasiens. Mais il y a un autre mouvement lui dirigé spécifiquement contre les africains, qui est plus vieux et que j’interprèterai comme un racisme d’envie et de revanche dont les causes remontent aux temps de l’URSS. Pour mieux tenter d’endoctriner les étudiants étrangers, l’URSS les choyait et leurs accordait une bourse qui était bien supérieure à celle des russes. L’UNESCO contribuait aussi à cette bourse qui du coup pouvait doubler par rapport à celle d’un soviétique, et qui pouvait s’avérer supérieure au salaire d’un professeur ou d’un ingénieur ! On avait donc un pouvoir d’achat bien plus élevé que les soviétiques et beaucoup le vivaient comme une humiliation. Cela a contribué à créer un sentiment d’hostilité qui, mélangé au nationalisme actuel et aux difficultés économiques donne une racisme assez violent.

Dieudonné Gnammankou  
Dieudonné Gnammankou
© gnammankou.com
 

Ce racisme n’est-il que conjoncturel ou a-t-il des racines plus anciennes ?

D’un point de vue historique, on ne peut a priori pas dire que les russes sont un peuple raciste envers les noirs. Il y a toujours eu des sentiments anti-noirs mais qui n’ont jamais atteint l’intensité d’aujourd’hui. Il y a toujours eu des pseudo scientifiques pour tenter de théoriser sur la supposée infériorité des noirs mais pas plus qu’ailleurs en Europe, voire par moment beaucoup moins. Au 19e siècle par exemple la condition des noirs était bien meilleure en Russie qu’en France car il n’y avait pas de lobby de planteur. La Russie de l’ancien régime était très tolérante et accueillante envers les étrangers en général. Les russes n’ont jamais promulgué de lois discriminatoires envers les noirs comme l’a fait la France à partir du milieu du 18e siècle. Il y avait à cette époque, comme le montre Claude Ribbe dans son ouvrage « le chevalier de Saint Georges », des arrêtés du roi qui limitaient l’entrée des noirs sur le sol français, établissaient des quotas dans l’administration, interdisaient les mariages entre noirs et blancs... Rien de tel n’a jamais été fait en Russie. De la fin du 17e siècle jusqu’à la révolution russe, il y avait quelques milliers d’Africains qui vivaient en Russie. Ils y étaient plutôt bien accueillis, s’intégraient bien dans la population, y fondaient des familles. Il y a de nombreux exemples de familles africaines qui se sont russifiées, en faisant fortune dans le commerce ou autre et sont devenus des notables de la population. Ainsi dans sa grande majorité, la population russe a toujours été très ouverte, tolérante. Le racisme actuel bien que très prononcé semble donc être plutôt de circonstance : l’humiliation ressentie par une population qui s’appauvrit alors qu’elle se voyait encore comme la deuxième puissance mondiale il y a à peine 15 ans y est pour beaucoup.

Prix de la Meilleure publication sur Pouchkine  au XIIe Salon International du Livre de Moscou  
Prix de la Meilleure publication sur Pouchkine au XIIe Salon International du Livre de Moscou
© gnammankou.com
 

Cette tolérance historique est parfaitement bien illustrée par l’histoire de l’Aïeul africain d’Alexandre Pouchkine dont vous avez fait la biographie... D’après votre livre, il aurait été capturé dans la région du bassin du lac Tchad lors d’un conflit entre principautés. Après un passage par l’empire ottoman, il aurait été amené sur demande à Pierre Le grand qui en a fait son filleul. Qu’est ce qui à motivé ce monarque à prendre un petit africain sous sa protection ?

Pierre le Grand était un monarque qui souhaitait moderniser la Russie qui était en retard par rapport aux puissances voisines à cette époque. Son but était de la réformer, d’en faire un Etat fort et culturellement rayonnant. Pour cela, il voulait mettre à contribution l’ensemble de la population Russe. Mais il s’est heurté à de fortes réticences de la part de la noblesse, pour qui il était inconcevable que des classes sociales inférieures puissent contribuer au rayonnement du pays. C’est pour lutter contre ces préjugés et casser le clivage social que Pierre le Grand a souhaité s’entourer de personnes étrangères à la noblesse, en les éduquant et en leurs confiant par la suite de grandes responsabilités. Ceci afin de démontrer que l’apport qu’une personne peut faire à la Russie n’est pas fonction de sa classe sociale, mais de sa compétence et son intelligence. Donc le fait d’adopter un enfant issu de l’esclavage, noir de surcroît (sachant que les préjugés envers les noirs commençaient à émerger du fait de la mise en esclavage de millions de noirs africains) et de l’éduquer aux sciences, à la philosophie et à d’autres enseignements, c’était sa façon de montrer à sa noblesse et à la classe paysanne, encore victime du servage, que tous les humains ont la même capacité, quelle que soit leur classe sociale, leur origine ou leur couleur de peau. Pierre le Grand a de la même façon adopté un jeune juif et un jeune serbes qui étaient esclaves en Turquie. Ce dernier devient compte et ambassadeur de Russie, et le petit africain devint Abraham Annibal, ingénieur en fortification, général des armées russes et fut l’aïeul de deuxième génération du célèbre écrivain et poète russe Alexandre Pouchkine.

Pouchkine pendant ses années lycée  
Pouchkine pendant ses années lycée
© gnammankou.com
 

Jusqu’à présent, l’origine africaine de Pouchkine était plutôt une sorte de légende. Votre livre est le premier ouvrage de recherche qui détermine non seulement la véracité de cette origine, mais aussi l’origine exacte de cet aïeul : le nord de l’actuel Cameroun, alors qu’on le disant traditionnellement originaire d’éthiopie. Votre livre apporte donc, preuves à l’appui, la quasi certitude de l’ascendance Africaine de Pouchkine. Comment cela fut-il accueilli en Russie ?

Les réactions ont été très différentes. Les russes en général savaient que Pouchkine avait une origine étrangère mais pour eux eu elle était floue et peu précise. Dans tous les cas ils la dissociaient d’une origine « nègre ». Cela vient de certaines théories anthropologiques russes du 18e siècle, où l’on faisait des catégories chez les africains, entre arabes et noirs bien sûr mais aussi entre noirs africains. Ainsi, on avait l’habitude d’attribuer à Pouchkine des origines éthiopiennes. Or les éthiopiens n’étaient pas considéré comme « nègres ». Noirs oui, mais pas nègres. Donc il y avait dans l’attribution de cette origine, l’idée que même si elle était étrangère, elle n’était pas si éloignée car elle n’était pas « négroïde », et de plus, elle était de culture chrétienne orthodoxe comme le sont originellement les éthiopiens. Donc mes travaux ont d’abord suscité la surprise mais aussi le rejet. Des gens étaient choqués. Les russes ont un sentiment très fort envers la figure de ce poète-écrivain unanimement reconnu comme le plus important. Il incarne la langue russe, une certaine idée de la Russie et de sa culture. Donc lorsque j'ai publié un article en février 1995 exposant les conclusions de mes travaux et les origines camerounaises de Pouchkine, certains chercheurs spécialistes ont réfuté énergiquement mes conclusions, arguant que les origines de Pouchkine étaient bel et bien éthiopiennes et qu’il n’avait rien à voir avec « les nègres d’Afrique ». C’est pour cette raison que la fondation Russe pour la culture m’a ensuite invité à présenter mes travaux lors d’un colloque. La presse russe à d’ailleurs beaucoup relayé mon intervention dans son ensemble : les chaînes de télévisions principales, les grands journaux m’ont tous interviewés pendant deux trois jours. Des millions de russe ont donc appris que Pouchkine avait vraiment des origines noires africaines.

L'origine camerounaise de Pouchkine à la "une" du mensuel russe Soverchenno Sekretno Top Secret en 1999  
L'origine camerounaise de Pouchkine à la "une" du mensuel russe Soverchenno Sekretno Top Secret en 1999
© gnammankou.com
 

Pouvez-vous faire une petite précision quant à l’utilisation du terme « nègre » dans la langue russe pour éclairer nos lecteurs… car ça n’a pas la même connotation péjorative qu’en France n’est-ce pas ?

En effet, lorsque je suis arrivé avec d’autres étudiants africains en Russie dans les années 1980, on a été au début très choqué d’entendre les gens nous appeler « nègres » (en russe, ça se prononce « Nyégar ») tout le temps. Mais dans l’esprit des russes, ce terme est considéré comme neutre et non insultant. C’est le mot « tchyornyii » qui veut dire « noir » qui est considéré comme péjoratif. Nègre à été importé du français et est employé dans l’ensemble sans arrières pensées. Mais l’utilisation de ce mot choque néanmoins les africains, même les noirs américains, du fait des origines esclavagistes du terme, dont les russes n’on pas conscience. Il y a donc un malentendu sur la terminologie...

Revenons à votre révélation sur les ascendances africaines de Pouchkine. Comment cela fut-il traité par les média ? Prenaient-ils vos travaux vraiment au sérieux ?

Oui. C’est plutôt en dehors de la Russie que le sujet a été traité légèrement. En Russie, tout ce qui touche Pouchkine est pris très au sérieux et ausculté. Si j’avais eu de grosses faiblesses dans mes recherches et mes résultats, ils auraient été immédiatement pointés. Donc les médias ont présenté mes résultats très pragmatiquement, reconnaissant même, en reprenant mes arguments, que si les chercheurs russes du passé avaient situés ses origines en Éthiopie c’était par racisme scientifique.

Dieudonné Gnammankou  
Dieudonné Gnammankou
© gnammankou.com
 

Donc votre thèse est généralement admise.

Dans l’ensemble oui mais il y a toujours des réticents... En 1997 lorsque j’ai été invité à une conférence scientifique à Saint-Pétersbourg, certains spécialistes du fameux musée de l’Ermitage ont refusé d’y assister. Leur justification était la suivante : « nous ne voulons pas d’un ancêtre noir pour Pouchkine. Nous avons déjà un éthiopien, ça nous suffit. » Mais ces réactions sont minoritaires. Car les plus grands chercheurs et historiens qui ont lu mes travaux depuis le début se sont mis de mon côté et ont déclaré que ces travaux apportaient des réponses à des questions qu’ils se posaient depuis longtemps. Mais le débat demeure. Car beaucoup de nationalistes qui prônent actuellement une Russie slave et orthodoxe mettent Pouchkine au centre de leur identité et nient toutes ses origines étrangères. Vous voyez le paradoxe : les racistes prennent Pouchkine comme référence, or c’est le symbole même du métissage et du mélange des cultures. Outre les origines africaines, il a aussi des origines suédoises (de par la femme de Abraham Annibal) ainsi qu'allemandes, italiennes... Il est l’anti-thèse de ces extrémistes qui le prennent comme symbole et qui prônent « la pureté de la race ».

Il y a donc un paradoxe russe. D’après votre témoignage et l’actualité en Russie, on sent bien qu’il est actuellement difficile d’être noir et de vivre en Russie. D’un autre côté c’est un peuple qui a fait preuve d’une grande ouverture et tolérance par le passé, peut-être plus que d’autres pays européens à la même époque...

En effet. La Russie est un pays où les meurtres racistes sont en explosion. Mais il y a des noirs installés qui vivent presque normalement, depuis plusieurs générations pour certains... En témoigne cet acteur russe noir qui fut le héros d’une série télévisée sur plusieurs épisodes. Et de la période soviétique, il reste beaucoup de noirs qui sont restés après leurs études et qui travaillent maintenant dans le milieu des affaires, de l’enseignement, qui ont fondé des familles...

 
© gnammankou.com  

Donc il y en a quand même quelques uns qui s’accommodent de cet environnement qui aujourd’hui, il faut le dire, nous est hostile. On se fait systématiquement insulter dans la rue et si on n’est pas accompagné, on se fait très facilement agresser. Les diplomates africains qui travaillent en Russie ont récemment demandé à rencontrer Poutine, soutenus par les corps diplomatiques occidentaux, pour que des mesures soient prises pour renforcer leur sécurité.
Le fait est que bien qu’il y ait un problème d’insécurité général dont pâtissent l’ensemble des russes, les agressions envers les noirs africains ne sont pas crapuleuses mais réellement racistes. On les tue uniquement parce qu’ils sont noirs et ces crimes sont en augmentation.
Par exemple, le jour où il y a un match du club de Moscou, il est déconseillé à un noir de sortir de chez lui. Les groupes de skinheads, ces voyous extrémistes racistes sortent des stades et vont ensuite sillonner la ville, le métro... Si par malheur vous tombez sur un de ces groupes, ils vous battent systématiquement et vous laissent pour mort sans que personne n’intervienne. Lors de l’anniversaire de la mort de Hitler en avril dernier, les extrémistes avaient carrément annoncé qu’ils allaient tuer un noir ou un juif pour commémorer cette date et en effet, un étudiant latino-américain noir a été poignardé ce jour. Le problème en Russie, c’est que ces crimes ne sont pas sanctionnés comme ailleurs en Europe : la police ne fait pas son travail et la justice démissionne. Dans l’ensemble, on peut dire que plus généralement en Russie les personnes les plus démunies ne sont pas défendues par le système judiciaire. Pourtant, la législation russe est une des plus sévères en matière de crimes racistes.

Hanibal sur un champ de bataille  
Hanibal sur un champ de bataille
© gnammankou.com
 

Le problème vient donc également de la justice qui fonctionne mal ?

Cela aggrave les actes racistes oui. Car l’impunité accentue le stress que vous ressentez tous les jours quand vous êtes noir en Russie, du fait de votre visibilité. Quand vous sortez, si vous êtes seul, vous avez peur. Seul, vous ne prenez pas le métro mais le taxi... et il ne faut pas s’éterniser dans la rue. Il vaut mieux être chez soi, dans la voiture ou le taxi. Il ne faut pas sortir tard le soir, ou alors en groupe... Il faut prendre tout ce genre de précaution.

Avez-vous subi vous-même des agressions ?

En 1999 j’ai été agressé dans la rue et j’ai eu de la chance car la milice est immédiatement intervenue, et l’agresseur a été arrêté. Beaucoup de gens ont été étonnés justement de la rapidité de l’intervention de la milice qui en général ne bouge pas. Il se peut qu’en tant qu’invité officiel j’aie bénéficié d’une protection rapprochée. Ce qui voudrait dire que les autorités ont conscience qu’il est dangereux d’être noir dans les rues de Moscou, aujourd’hui. Cela n’a pas empêché que je sois blessé.

       
Pour en savoir plus
 Le site personnel de Dieudonné Gnammankou
 
Mots-clés
afrique   benin   cameroun   communauté noire   dieudonné   tchad   
 
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