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Langues occidentales en Afrique, moteurs de l'oppresion culturelle
02/08/2005
 

Avec la tenue de la 36ème conférence parlementaire du Commonwealth au Cameroun, le 28 Juillet dernier, M. Yann Y. revient sur la problématique de l’utilisation des langues coloniales, comme moteurs de la domination culturelle en Afrique depuis plusieurs années.
 
Par Yann Y.
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Elizabeth II et des membres du CommonWealth, on reconnaît notamment Kwame Nkrumah deuxième à partir de la gauche  
Elizabeth II et des membres du CommonWealth, on reconnaît notamment Kwame Nkrumah deuxième à partir de la gauche
© emeagwali.com
 

Un pensée populaire veut que les peuples créent les langues et que les empires en dictent l’utilisation. Avec la tenue, le 28 Juillet dernier, des activités du CommonWealth pour la région Afrique et les préparatifs allant bon train du prochain sommet de la Francophonie, cette assertion semble être restée une triste réalité.

Les langues font partie de la stratégie d’asservissement

Depuis l’époque des razzias négrières au XVè siècle et l’invasion occidentale, les campagnes d’oppression culturelle ont souvent fait partie intégrante des stratégies d’asservissement des Noirs. A l’époque, la politique linguistique des grands empires (même si elle semblait moins officielle qu’aujourd’hui), rentrait dans le cadre de processus dits « d’évangélisation » de populations dites « non civilisées ». On peut se rappeler, pour exemple, du roi Nzinga Mbemba, régnant sur l’empire du Kongo dès 1506, qui, dans un élan de ce qu’il pensait être une amitié entre lui, les Portugais, et leur roi Jean III le pieux, s’était converti au christianisme et avait appris à parler le Portugais. Pour mieux se rapprocher de celui qu’il considérera, à tort, comme son « frère » lors de son accession au trône.

Les époques coloniale et post coloniale joueront elles aussi un rôle prépondérant dans l’impérialisme linguistique ; la politique de vulgarisation des langues occidentales étant au coeur des préoccupations des puissances coloniales. Au Cameroun par exemple, la France s’attacha à conquérir l’élite intellectuelle en tentant de faire disparaître, pûrement et simplement, les langues traditionnelles et en rendant obligatoire l’utilisation du français. Plusieurs décrets, définissant clairement cette politique française dans sa colonie, allaient dans ce sens :
« La langue française est la seule en usage dans les écoles. Il est interdit aux maîtres de se servir avec leurs élèves des idiomes du pays. » (1)

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Le professeur Ki-Zerbo  
Le professeur Ki-Zerbo
 

On peut aussi rappeler les directives liées à cette politique linguistique coloniale, du haut commissaire de la république française au Cameroun Jules Carde, qui se faisaient en ces termes, quelque peu inquiétants:
« Il faut donc de toute nécessité que vous suiviez avec le plus grand soin le plan de campagne que je vous ai tracé, que vous coordonniez vos efforts, tous les efforts et que le défrichement méthodique et bien concerté (des autres langues) se poursuive sans hâte comme sans arrêt... (afin de concrétiser) notre volonté de donner aux populations du Cameroun la langue en quelque sorte nationale qu'elles n'ont pas et qui ne saurait être évidemment que celle du peuple à qui est dévolue la souveraineté du pays. »(2)

La langue, élément d’expression culturel très important
Si la langue est avant tout un moyen de communication, elle n’en reste pas moins un vecteur d’expression culturelle et touche ainsi, comme le soulignait d’ailleurs le professeur Ki-Zerbo (3), à l’identité des peuples. Et à partir du moment où elle « flirte » avec cette identité, elle revêt une importance évidente dans la gestion de la vie des populations et par ricochet, dans la course au développement engagée. Le culturel étant très clairement lié à l’économique et au politique.

Jacques Chirac  
Jacques Chirac
 

Aujourd’hui encore, ces politiques linguistiques constituent un enjeu hautement stratégique dans les processus de domination culturelle et de pérennisation de l’influence des Etats forts sur les Etats faibles, tout en restant aussi importantes entre pays développés. On se remémorera ainsi l’appel de Cotonou de Décembre 1995, où le président Jacques Chirac, s’exprima sur les dangers de l’expansion de la langue anglaise au détriment du français. Il en appela ainsi ce jour, les pays du sud à venir à la rescousse de la francophonie :

« (…) aujourd'hui, 90% des informations qui transitent par Internet sont émises en langue anglaise, parce que les outils et les serveurs sont dédiés à l'usage exclusif de cette langue.

L'enjeu est clair : si dans les nouveaux médias, notre langue, nos programmes, nos créations ne sont pas fortement présents, nos futures générations seront économiquement et culturellement marginalisées. Sachons, demain, offrir à la jeunesse du monde des rêves francophones, exprimés dans des films, des feuilletons et valorisant la richesse culturelle et la créativité de chacun de nos peuples.
Il faut produire et diffuser en français. C'est une question de survie. Il faut unir nos efforts. .Les pays du Sud peuvent et doivent participer à ce combat, qui n'est pas seulement celui de la francophonie. »
(4)

Cheikh Anta Diop  
Cheikh Anta Diop
 

Commonwealth, francophonie : atouts pour les africains ?
La question sous-jacente aux propos de Chirac, qu’il sera finalement légitime de se poser, sera de savoir si, regrouper les différents pays d’Afrique Noire en communautés linguistiques telles que le Common Wealth ou la Francophonie, constituent un atout vraiment réel pour les Africains, ou si cela, ne contribue pas uniquement à assouvir des desseins impérialistes, à tuer nos langues vernaculaires, à désintégrer nos sociétés par le biais même de nos élites, et ainsi, nous empêcher de nous autodéterminer à travers une culture qui nous est propre.

Et au vu de ces questionnements, on doit bien se rendre à l’évidence que le sujet de la réhabilitation de nos langues traditionnelles devient capital dans la préservation de notre patrimoine culturel et pour le processus de développement.

Cependant, remettre à l’ordre du jour nos idiomes traditionnels n’est pas tâche aisée, et l’on peut comprendre pourquoi, 50 ans après que Cheikh Anta Diop en ait posé les jalons dans son premier ouvrage, Nations, Nègres et Culture (5), on en soit toujours au stade embryonnaire.
En effet, même si on peut convenir que les revendications de Diop et des intellectuels africains de l’époque étaient anté-indépendantistes, et que les choses devraient avoir ne serait-ce qu’un petit peu évolué depuis le temps, triste sera de constater que les accords dits « de coopération » signés au lendemain des indépendances, n’ont fait que perpétuer l’oppression culturelle, linguistique et mentale dont est victime l’Afrique Noire (francophone particulièrement) depuis près de cinq siècles.

La plupart des problèmes liés à la réhabilitation de nos idiomes nationaux (multiplicité des langues africaines, l’adaptation aux concepts scientifiques et philosophiques modernes, la prétendue prédominance de la langue coloniale), exposés par le professeur Cheikh Anta Diop, existent d’ailleurs toujours, quand ils n’ont pas carrément pris de l’ampleur.

 
 

Nous devons sauver nos langues
Et si on tient compte des estimations du linguiste Français Claude Hagège qui spéculait, qu’a priori, une langue mourrait dans le monde tous les quinze jours, soit 24 langues tous les ans, et sachant qu’aucune politique réelle gouvernementale n’a été mise en place (sauf exception de quelques états tels l’Afrique du sud, le Kenya, la Tanzanie) pour préserver nos idiomes, on peut d’ores et déjà être sûr que des centaines de langues Africaines disparaîtront encore dans les prochaines années.
De plus, la mort d’une langue ne résultant pas uniquement de la diminution du nombre de ses locuteurs, ou à l’invasion d’une autre langue, l’absence de supports culturels (livres, radios, télévisions, internet, musique, etc.) permettant de véhiculer nos idiomes et des les rendre accessibles ne pourront que jouer en faveur de cette disparition pure et simple.

L’inexistence de ces outils conservatoire de notre patrimoine linguistique réduira donc, encore et encore, considérablement l’espérance de vie de nos idiomes, et à un rythme tel que, toutes nos langues disparaîtront définitivement, une par une, et les rêves de Cheikh Anta Diop, de voir une Afrique unifiée autour d’un socle culturel et linguistique commun, avec elles…

Il apparaît donc imminemment urgent, aujourd’hui plus que jamais, de repenser l’utilisation des langues vernaculaires en Afrique au dépens des langues occidentales qui demeurent elles, réservées à une élite et constituent globalement, une barrière entre l’administration et les nombreuses (et non alphabétisées) populations des zones rurales. Il en va du devenir de l’Afrique, il en va du devenir de la renaissance Panafricaine.

(1) LECLERC, Jacques. «Cameroun» dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval
(2) LECLERC, Jacques. «Cameroun» dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval
(3) Joseph Ki Zerbo, A quand l’Afrique ? Entretien avec René Hollenstein, Editions de l’aube
(4) Cette déclaration, baptisée l’appel de Cotonou, a été faite par Jacques Chirac lors du Vè sommet de la Francophonie, du 2 au 4 Décembre 1995 au Bénin.
(5) Cheikh Anta Diop avait expliqué, dans Nations, Nègres et Culture, l’urgence et la nécessité de développer les langues nationales en lieu et place des langues coloniales, ainsi que les moyens de mise oeuvre de cette réhabilitation en adaptant nos idiomes aux besoins de la « modernité ».

       
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