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Les défis des intellectuels africains de la diaspora
14/09/2005
 

Etienne de Tayo est journaliste, promoteur du réseau des journaliste pour l'intégration en Afrique "Afrique Intègre". Vous pouvez vous aussi proposer vos articles pour la rubrique "Opinions" en écrivant à l'adresse articles@grioo.com
 
Par Etienne de Tayo
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"L'esclavage est en train de devenir un thème extrêmement fédérateur dans lequel les noirs de France se reconnaissent..." soutient le Magazine "Le Monde 2" dans une grande enquête joliment intitulée "La question noire posée à la France".

En effet, vu de Paris et plus que jamais, le processus de "dépollution mentale" de la race noire en générale et des peuples africains en particulier est engagé. Décidés à faire triompher le devoir de mémoires, les intellectuels, les membres de la société civile et de tous les autres corps de métier dans la diaspora semblent désormais tenir le bon bout. Sous la conduite des intellectuels de renom tels Théophile Obenga, Achille Mbembé, Elikia Mbokolo, Fatou Sow ou Henri Hogbe Nlend - lancés sur la trace de l'Egyptologue Cheick Anta Diop et du Révérend Père Angelbert Mveng, tous deux de regrettées mémoires - un travail de glorification du passé de l'Afrique est en train d'être fait. L'Afrique perçue ici comme, non seulement le berceau de l'humanité mais terre d'émergence de plusieurs inventions qui ont changé le cours de l'humanité et qui semblent aujourd'hui vouloir laisser l'Afrique du 21e siècle sur le bord du chemin et la réduire à la mendicité. La société civile de la diaspora africaine est tenue par une multitude d'associations dont le collectif Devoirs de Mémoires de Jean Claude Tchicaya ou le Collectif Egalité et Combat de l'écrivaine camerounaise Calixte Beyala. A coté de tout ce monde, l'électron libre, le franco-camerounais Dieudonné contribue, à sa manière, à l'animation et parfois à l'envenimement du débat.

Ce travail de mémoire est relayé aussi bien par l'édition (Menaibuc, Duboiris, Desnel) que tous les autres moyens qu'offrent les nouvelles technologies de l'information et de la communication. On peut citer les blog : Dignité de l'Afrique, Panafricanisons, Africa... les sites Internet : Menaibuc.com, africamaat.com, afriblog.com, Africultures.com, Africagora.com, Afrology.com... La production de la pensée panafricaine est une réalité. Elle est riche et foisonnante.

Cette production intellectuelle se trouve aux antipodes de ce qui se fait aujourd'hui sur le continent africain. Là-bas, les intellectuels qui n'ont pas pu se mettre à l'abri en choisissant l'exil – après l'affrontement avec les pouvoirs au cours des années 90 – et qui ont voulu le rester ont tout simplement été broyés par la médiocratie ambiante. Les plus malins se sont dédoublés pour s'aligner dans la politique du ventre et du bas ventre, mais auparavant, ils auraient subi une castration intellectuelle avant d'être jetés dans l'arène politique des systèmes où, parce qu'ils n'avaient jamais été préparés à ce jeu là se font broyer à grosse pelletée ou se font tuer à petit feu. Mais il reste qu'il faut tirer un coup de chapeau à un groupe de téméraires qui bien que démunis et très souvent harcelés continuent d'affronter les systèmes qui les oppriment. On peut citer pour ce qui est du Cameroun : Abel Eyinga, Sindjoun Pokam, Fabien Kangue Ewane, Fabien Eboussi Boulaga, Shanda Tomne; pour le Sénégal: Malick Ndiaye et Latif Coulibaly; pour le Gabon: Guy Rossatanga Rignault et Luc Ngowet; Pour le Burkina Faso: Joseph Ki Zerbo. Pour le Congo-Brazzaville: Dieudonné Tsokini

Il ressort de ce panorama de la production intellectuelle africaine et afro-caribéenne que cinq siècles d'esclavage, de colonisation et 20 ans de plan d'ajustement structurel ont ruiné les nations africaines au point de les réduire à la mendicité internationale et ont ramené l'homme noir au rang de sous-homme.

Ce destin de l'Afrique est factice. Les Etats africains sont maintenus dans un état de précarité par ceux qui ne veulent pas voir démentis les écrits historiques qui font croire que l'Afrique est un continent merveilleux mais habité de grands enfants et que pour cela, sa charge sera à jamais supportée par les autres.

"Le fardeau de l'homme blanc"

Ce qui est intéressant de faire remarquer c'est que les intellectuels occidentaux avaient accompagné systématiquement la "mission civilisatrice" de l'homme blanc en direction des peuples indigènes d'Afrique – en réalité un processus de déshumanisation du noir successivement conduit par l'explorateur et le colonisateur et parfois appuyé par certains princes d'église. Cette mission avait au moins deux objectifs bien précis:

Polluer mentalement le noir en lui faisant comprendre qu'il n'a pas d'histoire ni de culture et que son histoire commence avec les explorations. Dans ce travail de lavage de cerveaux on retrouvait en première ligne des philosophes, des sociologues/ethnologues, des anthropologues. Le père Tempels par exemple avait affirmé que le noir avait une "mentalité prélogique", une façon polie de dire qu'il n'a pas l'intelligence. Cette sale besogne, qui a culminé avec la rédaction du "code noir" – un chef d'œuvre de la chosification du noir - a contribué à construire pendant cinq siècles dans le mental du peuple noir, ce qu'on a appelé plus tard "le complexe du nègre" qu'il traine aujourd'hui tel un boulet et qui bloque chez lui toute tentative d'affranchissement. Certains intellectuels occidentaux que les nôtres magnifiaient pourtant, lorsque nous faisions nos classes terminales avec l'initiation à la fameuse "philo", n'ont pas hésité à mêler leur voix à ce concert de refus de la culture à l'Africain, tel Jean Paul Sartre qui écrivait: "Les écrivains africains doivent arrêter d'écrire pour créer des sociétés où la littérature est possible" disait-il. En clair, pour lui, la littérature comme la démocratie aujourd'hui est un luxe pour l'Afrique.

Reviser l'histoire à l'avantage de l'occident par la dissimulation, pour manipuler les populations occidentales et obtenir leur adhésion dans la conduite de la "mission civilisatrice". Les portes flambeau de cet autre travail étaient des historiens. Il faut d'ailleurs dire qu'on rencontre aujourd'hui des courants néo-révisionnistes qui sont très actifs. Beaucoup pensent qu'Olivier Pétré-Grenouilleau, en s'intéressant à d'autres trafics d'esclaves que celui du triangle Europe-Afrique-Amériques, tente de fondre la traite négrière dont se plaignent les populations noires dans un phénomène partagé et réduire ainsi sa portée. Un révisionnisme subtil qui bien qu'ayant été plusieurs fois primé en France n'a pas échappé aux veilleurs de la cause noire qui ont tenu à la dénoncer avec la dernière énergie.

Aujourd'hui, un autre front a été ouvert et vise à opposer les noirs descendants des esclaves et ceux d'origine africaine qui sont en fait une même famille qui avait été séparée par le drame qu'on connaît. Il consiste à dire aux premiers que les seconds, de par leurs ancêtres, sont responsables de la traite négrière. Un peu sous la forme de "si ce n'est toi, c'est donc ton frère... C'est donc quelqu'un des tiens", comme nous avait appris les fables de la fontaines. On leur fait comprendre que si les africains de l'époque ne l'avaient pas cautionné, le commerce des esclaves n'aurait jamais eu lieu. Les plus manipulateurs font comprendre que d'ailleurs, les roitelets d'Afrique de l'époque pratiquaient déjà le commerce des esclaves. Un silence assoudissant est par contre fait sur les tentatives de résistance des populations noires qui ont été stoppées net par la suprématie technologique des envahisseurs, particulièrement dans le domaine des armes à feu. C'est un peu comme si demain on racontait aux Irakiens que leur peuple n'avait pas résisté à l'envahisseur américain.

Ce qui est dramatique, c'est que ce discours révisionniste par rapport à la responsabilité des noirs dans la traite négrière dont l'un des ouvrages écrit par Olivier Pétré Grenouilleau vient d'être primé en France prend comme une bonne mayonnaise et fait rage dans les relations interpersonnelles entre les africains-africains et les africains-antillais-guadeloupéens-réunionnais-haïtiens et autres. Et c'est un ami à moi qui en a fait la triste expérience: "J'avais ma copine antillaise. Nous nous entendions très bien. Un jour, alors que nous étions à table chez elle, mon téléphone a sonné et c'est ma mère qui me "bipait" (appeler juste pour être rappelé) du pays. Elle était en compagnie de ma grand mère et d'une tante. Je les ai appelé aussitôt avec le téléphone de ma copine et à l'aide d'une carte à code. J'étais très content de les écouter. Pendant que nous bavardions, j'ai constaté que la mine de ma copine changeait. Elle avait de la peine à manger et avait des traits plus tirés. Lorsque j'ai fini, elle m'a regardé et m'a dit: tu es content de parler avec tes parents en Afrique. Qu'avez-vous fait de nos ancêtres? Franchement face à cette question je n'ai pas eu de réponse. J'ai contaté qu'elle était vraiment touchée. Jusqu'à la fin du repas, nous ne nous sommes plus dit mot ni même regardé. Depuis ce jour là, nos relations ont commencé à se distendre jusqu'à s'éteindre complètement. Aujourd'hui, j'ai une double peine: celle d'avoir perdu une copine que j'aimais bien et celle de porter sur la conscience la responsabilité d'un crime que je n'ai pas commis, ni moi, ni même un de mes proches d'ailleurs" rapporte mon ami.

Cette anecdote vient poser de façon dramatique et concrète le calvaire supplémentaire que vivent les noirs descendants d'esclaves qui comme l'a montré la réaction de la jeune fille souffrent du manque de base arrière. C'est vrai que j'ai toujours eu le cœur serré lorsque je rencontre "ces africains sans Afrique". Aujourd'hui je mesure la profondeur du drame qu'ils doivent endurer au quotidien et qu'ils ont d'ailleurs enduré depuis des générations. Mais il faut dire tout de suite que la division artificielle que les révisionnistes tentent de construire entre les noirs est l'ultime diversion dans un combat dont ils voient venir la perte. Il s'agit d'un piège gros comme la tour Eiffel où ne peuvent tomber que ceux qui veulent tomber.

Aujourd'hui, tous les noirs, d'Afrique, des îles ou des amériques sont embarqués dans le même navire un peu comme celui qui cinq siècles en arrière transportait nos ancêtres. Nous sommes parqués dans les mêmes cages au fond des cales du bâteau. Nous sommes assis sur les mêmes planchers humides, les mêmes chaînes devenues aujourd'hui invisibles – sans pour autant perdre de leur cruauté - continuent d'entourer les cous de ceux d'entre nous qui ne veulent pas s'affranchir. Il est question non plus de mener un quelconque combat pour se libérer, puisque nous le sommes déjà, mais de s'autodéterminer, d'exister et d'être tout simplement. Toute autre guerre, de surcroit fratricide, n'est que dispersion d'énergie.

En leur temps, les intellectuels noirs tels Aimé Cesaire, Léopold Sedar Senghor ou Alioune Diop avaient tenté d'assurer la valorisation du noir notamment en parlant de négritude. Mais cette philosophie péchait par son caractère réactionnaire et folkorique en ce sens qu'elle a fini par ne devenir que ce que le colon souhaitait qu'elle devienne. Il ne s'agit pas de se déterminer comme ils ont tenté de le faire par rapport aux griefs et aux dénégations que les occidentaux nous portent et même de cautionner certains clichés du genre "l'émotion est nègre" comme l'avait affirmé Léopold Sédar Senghor, il s'agit d'exister indépendamment de l'existence ou de la non-existence de la race blanche. C'est ce que les asiatiques font et les résultats sont là.

Une responsabilité historique

La perception qu'a l'africain moyen de l'intellectuel est des plus mitigée. Pour beaucoup, il s'agit d'un rêveur qui crache sur la nourriture et préfère s'envoler vers les nuages: "Au lieu de manger sa part tranquillement, il embête le monde avec sa morale. C'est çà qu'on mange?", entend t-on souvent dire. L'intellectuel est parfois l'objet de raillerie jusque dans sa propre famille: "Vous vous imaginez quand c'est votre propre femme qui commence à dire que vous êtes fou. Et que parfois elle le dit devant les enfants! Tout çà parce qu'elle a été instrumentalisée par les gens du pouvoir qui lui font comprendre qu'un homme qui refuse la nourriture pour des idées n'est pas normal. Ce discours passe d'autant plus que vos difficultés financières sont réelles. Et votre épouse qui vous harcèle croit vous ramener sur le bon chemin. On vous amène ainsi à perdre l'autorité et sur votre femme et sur vos enfants", raconte un intellectuel.

Mais qu'on se le dise, cette perception érronée de l'intellectuel n'est pas consubstantielle à l'Africain. Cela participe des avatars de la colonisation. Après avoir dit que le noir n'était pas doté d'intelligence, on a fini par lui concéder une petite parcelle d'intelligence. Juste de quoi exécuter des ordres dictés par le colon. Au-delà, il devanait dangeureux et la parade consistait à le déclarer fou: Lorsque Mgr Albert Ndongmo, un évêque camerounais des années d'indépendance et brillant intellectuel avait été mis aux arrêts par le régime Ahidjo pour tentative de coup d'etat, le Vatican aurait proposé qu'il soit déclaré fou et transféré dans un hôpital psychiatrique en Europe. Effectivement une grâce présidentielle lui avait été accordée et il avait été exilé d'abord en Italie et ensuite au Canada où il mourut en 1992. Ici, la pirouette de la folie avait servi à sauver la vie d'un homme mais confime l'image qu'on a semé de l'intellectuel dans la tête des Africains.

L'intellectuel africain de la diaspora doit dépasser ce handicap et amener les masses populaires d'Afrique à prendre conscience de la profondeur du mal. On peut déjà se féliciter d'une prise de conscience très avancée aujourd'hui dans beaucoup de pays africains et surtout de l'existence d'une opinion publique active et influente qu'on rencontre principalement dans les grandes villes. Il s'agit de s'appuyer sur ces relais. Pour y parvenir, il doit se faire comprendre d'eux. Il doit autant que faire se peut, parler un language qui leur est accessible. Il doit prendre sa responsabilité en tant que guide éclairé et rescapé face aux masses "polluées" mentalement et déshumanisées. Dès lors deux défis qui sont autant d'objectifs s'imposent à lui:

Dépolluer d'abord le noir en lui rappelant constamment son passé glorieux à travers la technologie de l'Egypte ancienne – pas celle de Hosni Moubarak – ses réalisations et surtout son antériorité sur la civilisation occidentale. Chaque africain doit avoir au bout des doigts quelques réalisations de la civilisation egyptienne: "Au cours d'un colloque en Allemagne, un jeune chercheur Allemand s'est approché d'un groupe de chercheur africains et leur a demandé de lui dire ce que l'Afrique a déjà inventé. Evidemment, ils n'ont rien cité et l'objectif du jeune Allemenand était atteint: faire dire aux chercheurs africains eux-même que l'Afrique n'a rien inventé", rapporte un chercheur sénégalais. Il faut leur rappeler ensuite que c'est par le travail qu'ils se libereront. Comme le soutient l'écrivain Congolais Gaspard Lonsi Koko : "il faut travailler et s'enrichir car le vrai pouvoir est économique. On ne prête qu'aux riches". Il faut les amener à avoir constamment une attitude qui préserve leur dignité et les détourne ainsi de la mendicité car: "la main qui demande et reçoit est toujours en dessous de celle qui donne". Il faut donner une perception réelle et généreuse de l'intellectuel;

Conduire un contre révisionnisme actif afin d'amener les nations occidentales à accomplir le devoir de mémoire qui leur permettra de se réconcilier avec leur passé et surtout avouer à leurs peuples les mensonges séculaires. Nous sommes convaincus qu'en dehors de quelques groupuscules d'extrême-droite qui sont d'ailleurs repoussés dans leur derniers retrachements, malgré les apparences, les populations occidentales dans leur immense majorité, qui ont atteint un dégré respectable d'humanisme et de générosité ne sauraient cautionner ce qui a été fait et ce qui continue d'être fait à des êtres humains comme elles.

Des objectifs dont l'atteinte recommande l'engagement, la détermination, l'enthousiasme mais surtout de la méthode. Nous nous devons de préciser que la haine ne trouve nullement sa place dans cette démarche qui doit être empreinte de l'humanisme propre à l'Afrique profonde et d'ailleurs à tous les peuples en dépit des agissments des dirigeants parfois belliqueux et paranoïaques. La haine a ceci de malheureux qu'elle chasse le bon sens, déforme nos pensées et finalement peut conduire à la destruction de l'autre en passant par une auto-destruction.

Autant nous devons nous réjouir du foisonnement de la production intellectuelle sur la place parisienne, autant nous devons revenir sur terre pour comprendre que cette production ne portera réellement ses fruits que si elle est portée à ses destinataires finaux que sont les masses populaires africaines.

Or, comme l'avaient compris les économistes à la suite de la loi de l'offre de Jean Baptiste Say et ses insuffisances, aujourd'hui, nous devons nous résoudre à comprendre qu'il est peut-être plus facile de produire la pensée que de réussir sa diffusion effective auprès de ceux pour qui elle est produite. Et pour ce qui nous interesse ici, il s'agit des masses populaires africaines dont il faut débarrasser d'un complexe avilissant et destructeur. Or, il convient de remarquer qu'en dépit de sa pertinence, de son intensité et de sa densité, le travail de mémoire des intellectuels africains atteint encore un cercle très réduit d'internautes et lecteurs d'ouvrages. D'où sans doute la nécessité pour les intellectuels producteurs de la pensée d'utiliser des relais plus populaires ou d'adopter des postures nouvelles en vue d'atteindre les objectifs ainsi fixés.

Le défi majeur de l'intellectuel africain de la diaspora est contenu dans ces deux questions:
En l'étape actuelle de son combat pour l'acquisition de sa dignité et de celle de ses peuples, quelle posture l'intellectuel noir en général et l'intellectuel africain en particulier doit adopter pour à la fois se faire comprendre des masses africaines – qui sont plus instruites aujourd'hui qu'en 1960 par exemple – et les populations occidentales à qui on avait caché tant de choses?
Comment produire un discours cohérent qui pourra à la fois atteindre les masses africaines et les populations occidentales sans paraître trop hermétique pour les premiers et peut-être trop trivial pour les seconds ou bien sans trop mettre d'eau dans leur vin d'intellectuel et peut-être se déconsidérer aux yeux de leurs collègues?

Autrement dit, soit en fonction des circonstances, les intéllectuels africains de la diaspora décident de descendre dans la caverne pour y conduire l'éducation des masses dans le but de les en sortir soit ils choisissent de rester dans leur position en produisant des discours certes pertinents mais trop hermétiques et par conséquent inaccessibles aux masses africaines et l'objectif de dépollution est compromise ou retardé.

Nécessaire Collaboration

Dans une tentative de diviser la poire en deux, nous pensons qu'une collaboration étroite plus que par le passé est nécessaire entre les intellectuels en tant que producteurs de la pensée et les journalistes qui remplissent honorablement le rôle de vulgarisateurs de cette pensée.
C'est justement l'un des objectifs que se fixe le réseau de journaliste pour l'intégration en Afrique "Afrique Intègre".

Lorsque j'ai publié en juillet dernier un coup de gueule intitulé "Pour la dignité de l'Afrique, laissez-nous crever" à la suite du sommet de G8 de Gleneagles, une maison d'édition parisienne - regroupant plusieurs intellectuels - qui fait un précieux travail sur la recherche de la dignité de l'Afrique, m'a contacté pour solliciter mon accord en vue de la publication de cette réflexion dans une revue qu'elle publie. Accord que j'ai donné. Mais quelque jours après le directeur de la maison d'édition m'a fait un mail en disant qu'il souhaite que je retouche ma réflexion afin de la rendre publiable. J'ai tout de suite compris que mon texte qui a pourtant eu un succès certain auprès des internautes ne remplissait pas tout le shéma méthodologique des écrits intellectuels.
A savoir, un problème, une problématique, des hypothèses, des résultats et surtout la fameuse bibliographie.
J'ai alors engagé un débat avec le directeur dans lequel je lui ai fait comprendre que je suis d'abord et avant tout un journaliste et d'après ma formation, je dois écrire simple pour me faire comprendre du plus grand nombre. Comme j'aime bien à le dire, je suis consultant en simplification des affaires compliquées.
En fait, le journaliste est un vulgarisateur de la pensée et à ce titre, au lieu de s'opposer à lui, il complète l'action de l'intellectuel – producteur de la pensée – et de tout autre spécialiste.

Loin de moi l'idée en rapportant cette anecdote de prêter le flanc à une polémique entre les intellectuels et les journalistes dont l'action conjuguée sera d'un bénéfice inestimable pour l'Afrique.

C'est toute la presse africaine et panafricaine qui doit être mobilisée dans ce travail de relais. Ainsi, à coté des "chiens écrasés", "des trains en retard", du sport dans lequel on veut confiner la race noire, le journaliste africain d'aujourd'hui doit se donner une mission de "dépollution" des masses populaires africaines. C'est ambitieux, c'est peut-être même prétentieux mais l'audace en vaut la peine. C'est un travail de longue haleine qui prendra certainement plusieurs génération comme d'ailleurs la traite négrière et la colonisation qui ont traversé plus de 30 générations. Ce travail engage aussi la responsabilité des éditeurs de journaux africains et des dirigeants africains qui doivent comprendre que leur destin à eux aussi en dépend.

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