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Ceuta et melilla ou l'équation impossible d'une Europe forteresse
10/10/2005
 

Etienne de Tayo est journaliste, promoteur du réseau des journaliste pour l'intégration en Afrique "Afrique Intègre". Vous pouvez vous aussi proposer vos articles pour la rubrique "Opinions" en écrivant à l'adresse articles@grioo.com
 
Par Etienne de Tayo
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Mardi 27 septembre 2005, à Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles au Maroc, "deux groupes d'immigrés en majorité originaires de l'Afrique noire, et totalisant environ 1500 personnes ont tenté de pénétrer en deux vagues successives sur le territoire espagnole. Quelques 300 sont parvenus à leurs fins", rapporte le journal Le monde et la majorité de la presse hexagonale et même européenne.

S'il est vrai que cette information n'est plus ce qu'on appelle en jargon journalistique un scoop à cause de sa fréquence, force est de reconnaître que ce qui s'est passé à Ceuta et Melilla se démarque des actions passées par deux faits au moins: le nombre et surtout le fait que les actions des immigrés clandestins sont désormais coordonnées.

Le nombre particulièrement élevé s'explique par le fait que les consulats occidentaux en Afrique ont décidé de "visser" en matière de délivrance des visas d'entrée sur le territoire Schengen. Croyant par cette mesure décourager les candidats au départ. Et pourtant, face à cette situation, ceux qui continuent à voir en l'Europe un paradis providentiel ont décidé de contourner l'obstacle. Ce contournement passe par un long et périlleux voyage à pied, à dos d'âne, sur le toit des train, tout çà dans une longue traversée du désert, cette fois au sens propre du terme.

Ce chiffre doit aussi faire comprendre que malgré le spectacle désolant des africains qui se font rôtir dans des immeubles insalubres de Paris, le mythe de l'Europe est loin de tomber en Afrique. Enfin, ce chiffre doit faire comprendre à ceux qui ne veulent rien voir qu'en décidant de venir mourir aux portes de l'Europe, les suicidés veulent alourdir un peu plus la conscience des dirigeants de ce continent qui, pour sa prospérité, s'est servi sur les richesses séculaires de l'Afrique.

La coordination des actions en vue du franchissement en masse de la double clôture de fils barbelés est une avancée considérable dans la stratégie des immigrés clandestins. Hier, ils mouraient tout à fait esseulés, qui dans le train arrière d'un avion atterrissant à Charles De Gaulle, qui passé par-dessus bord en mer par des commandants de bateau criminels, qui englouti par les flots sur un radeau aux larges de l'Italie ou de l'Espagne… Aujourd'hui, ils ont compris que seul leur nombre peut leur permettre de venir à bout des gardes civiles marocaines et espagnoles. Pendant des mois voire des années, ils élaborent, retranchés dans les forêts marocaines, des stratégies dignes d'une armée moderne. Comme dans une armée, ils savent qu'en se lançant sur les barbelés de la forteresse européenne, ils risquent au moins des blessures graves, au pire la mort. Mais chacun se lance à corps perdu en sachant que s'il arrive que ce soit lui la victime, sa mort sera le prix à payer pour permettre à ses congénères de franchir la porte du paradis.

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Le monde, cette maison de verre
 
© cnpdpi.pt  

Une autre prise de conscience des immigrés vient de ce qu'à la faveur de la promotion des droits de l'homme, le monde est devenu une grande maison de verre dans laquelle plus rien ne peut être caché. Hier, un négrier pouvait décider un matin de liquider la moitié de son troupeau d'esclaves et la nouvelle ne traversait même pas la rivière qui borde sa plantation. Un chef d'Etat pouvait faire disparaître ses opposants et même faire exterminer certains groupes ethniques pour des raisons qui lui sont propres, le fait était relaté au conditionnel dans quelques journaux seulement. Aujourd'hui, plus rien ne se cache, comme l'avait prédit Marshal Mc Luan, le "monde est devenu un véritable village planétaire". Plus rien ne se cache. Tous ceux qui posent des actes répréhensibles savent qu'un jour ou l'autre ils seront rattrapé par la justice.

A Ceuta et Melilla, il a suffit du décès de cinq migrants africains pour provoquer l'émotion de par le monde alors que ce chiffre représente parfois le dixième de ce que pendant l'esclavage ou la colonisation, un négrier ou un colon laissait sur le carreau quotidiennement dans une zone dite troublée. L'association Médecins sans frontières "indique que c'est 6300 migrants qui auraient trouvés la mort dans la zone de Ceuta et Melilla au cours des dix dernières années". De quoi en rajouter à la pression de la communauté internationale.

Face à ce qui suit, l'Europe peut-elle continuer à considérer la pauvreté et la misère des africains comme un phénomène externe à elle? En d'autres termes, dans quelle mesure, la pauvreté des pauvres peut-elle faire perdre le sommeil aux riches? Que fait la communauté internationale?

Demain, ce qui est sûr c'est que c'est par million que des africains désespérés et n'ayant plus rien à perdre, affronteront la forteresse européenne. Ils viendront, soit se faire tuer et susciter la colère de la communauté internationale, soit devenir des prisonnier encombrant aux mains des gouvernements occidentaux au premier rang desquels l'Espagne qui a eu le malheur de se retrouver à frontière avec l'Afrique. Récemment, l'Espagne a dû régulariser 700 milles sans papiers croyant régler définitivement le problème de l'immigration clandestine. Mais cela a plutôt agi comme le levain qui a fait gonfler l'optimisme des candidats à l'immigration. Quand on voit l'arrogance avec laquelle les ministres européens de l'intérieur traitent des problèmes de l'immigration, on comprend qu'ils ont encore beaucoup de données à assimiler.

Ce qui est sur, c'est que la pauvreté et la misère sont aujourd'hui les principaux responsables de l'immigration en masse des africains. Il s'agit donc d'une immigration pour des raisons économiques puisque même ceux qui évoquent des raisons politiques ne sont en fait que des victimes des combats liés au partage du gâteau national qui est devenu tellement maigre qu'il ne peut plus suffire à tout le monde.

Dès lors, il devient urgent pour la communauté internationale d'envisager le statut de réfugiés économiques. Selon la terminologie usuelle, "un réfugié est une personne persécutée par les autorités de son pays et qui éprouve une crainte pour sa vie avec raison". Dans cette définition, la seule admise aujourd'hui par les Nations Unies, seule la persécution des autorités des pays d'origine du réfugié est prise en compte. Or, il est permis de relever qu'aujourd'hui, à cause ou grâce à la prégnance de l'action des organisations de défense des droits de l'homme, les dictateurs du monde entier ont tout simplement changé de tactique. En Afrique par exemple, ils ne se salissent plus les mains à vouloir éliminer physiquement et brutalement leurs adversaires et tous les autres empêcheurs de piller en paix. Il a suffit qu'il s'attaquent au pouvoir d'achat des populations en les réduisant à néant pour transformer les pays à la tête desquels ils trônent en de vastes prisons à ciel ouvert où les populations, devenues prisonniers malgré eux sont soumis à une mort par inanition. C'est pourquoi ceux qui réussissent à s'échapper de ces prisons sont prêts à tout pour atteindre l'Eldorado rêvé. Mais lorsque une fois à destination, ils sollicitent l'asile dans le pays d'accueil, on leur rétorque que leur pays est en paix et que parce qu'il n'est pas directement persécuté par les autorités de son pays, on ne peut pas accéder à sa demande.

Il ressort de ce qui suit donc que ce ne sont plus les autorités du pays qui persécutent directement, mais la pauvreté et la misère engendrée par ces mêmes autorités qui persécutent les populations et les obligent à s'en fuir de leur pays. Autant, sinon plus que les pires des dictateurs, la pauvreté est en train d'organiser l'extermination de certaines catégories des peuples africains. Le dictateur ne tue plus, il fait tuer par la pauvreté. Voilà une subtilité à laquelle la communauté internationale tarde encore à accéder. Pour combien de temps encore? Pour combien de morts encore?

       
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etienne de tayo   
 
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