
Elle en parcourt des kilomètres depuis son album à succès "Logozo" sorti en 1991. La Béninoise Angélique Kidjo a pourtant posé ses valises quelques heures mercredi dernier à Paris le temps de donner un mini concert au Virgin Megastore des Grands Boulevards et d'accorder un entretien à l'Associated Press.
"J'ai carrément l'impression de vivre dans mes valises!", a d'abord lancé dans un éclat de rire la chanteuse, dont le nouvel album "Oyaya" (St-Georges/Sony) a bénéficié d'une sortie mondiale le 3 mai.
Un album lui aussi né de voyages et de rencontres, souligne la chanteuse, déjà nominée dans sa carrière trois fois aux prestigieux Grammy Awards.
Rencontre magique avec Henri Salvador pour le duo "Le monde comme un bébé" qui s'est fait par l'intermédiaire de son éditeur. "Je cherchais une voix caribéenne", se souvient Angélique Kidjo. "Et quand on m'a dit que Salvador -l'une de mes idoles- avait adoré la chanson d'emblée, on l'a enregistrée en quelques prises: c'était lui et personne d'autre!"
Car chez Angélique Kidjo, tout marche par paire. Son co-auteur, collaborateur, producteur et mari français, Jean Hebrail, ne la quitte pas d'une semelle. "Il est la deuxième partie de mon cerveau", explique-t-elle. "Et c'est aussi le père de ma fille, Naïma".
Côté chansons, les 14 titres de l'album résument les combats que mène la chanteuse qui avait fui son Bénin natal, passé en 1989 d'une "dictature communiste à une 'presque' démocratie", soupire t-elle.
Qu'elle le chante en français, dans son dialecte, le fon, ou les trois autres que compte son pays, Angélique Kidjo dénonce, en musique, "la dictature de fait qui existe entre les nantis et les pauvres, les oligarchies qui 'tirent les ficelles' et les fausses guerres de religion qu'on justifie par des sacrifices ou par le terrorisme", avant d'ajouter: "la musique, c'est ma lutte silencieuse ".
Elle se dit fan de Serge Gainsbourg "qui seul a su faire 'sonner le français'", mais aussi de Claude Nougaro et d'Edith Piaf: "Ce sont des idoles qui m'ont donné la clé des émotions avant qu'à mon tour je ne chante", se souvient-elle, émue.
Ambassadrice de bonne Volonté auprès de l'Unicef, Angélique Kidjo a aussi dédié une chanson de l'album à l'organisation, "Mutoto Kwanza". Après la lutte contre le SIDA, son combat actuel vise à scolariser les jeunes filles africaines car "il n'y a pas de démocratie sans éducation", insiste t-elle.
Vingt minutes ont passé, Angélique, son mari et sa fille reprennent leurs lourdes valises et s'envolent pour Barcelone. Elle chantera aussi au Jazz Festival de Montreux puis partira en tournée américaine pour 17 dates, du 4 au 29 juillet, avant de repasser par Paris où elle donnera une série de concerts acoustiques au Zèbre de Belleville du 27 septembre au 10 octobre.
Source : AP |