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Lors d'une interview précédemment accordée à votre site favori, l'humoriste Dieudonné avait annoncé vouloir faire un film sur le "Code Noir" avec un casting prestigieux.
Au moment où il retrouve les planches avec son nouveau spectacle prévu pour continuer au moins jusqu'en Décembre, Dieudonné a accepté de répondre à nos questions sur ce projet de film: acteurs, financement, soutien attendu auprès de notre communauté, Dieudonné s'est prêté à nos questions.
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"Mes excuses", le dernier spectacle de Dieudonné
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Quel bilan tires-tu de ton nouveau spectacle, "Mes excuses"?
J'en tire un excellent bilan. C'est rassurant: le bouche-à-oreille fonctionne, ce qui est une grande satisfaction pour moi. Le spectacle va encore évoluer pour recommencer début Septembre (NDLR: l'interview a été réalisée en Août), et m'emmener je pense jusqu'à la fin de l'année, au théatre de la Main d'Or puis dans une grande salle. Laquelle? Je ne le sais pas encore, des pressions sont encore exercées sur les salles aujourd'hui, nous verrons bien. Au pire on fera ça dans la rue comme la dernière fois! (rires)
Dans ton spectacle où tu es censé "t'excuser" tu tires pas mal sur le "peuple élu" comme tu l'appelles, tu étais inscrit aux européennes sur la liste Euro-Palestine. Ne crains-tu pas de renforcer par ces actions ceux qui te traitent d'antisémite?
J'ai fait un sketche sur un colon israélien, la justice a décidé que ce sketche n'était pas raciste, je ne me sens responsable de rien à part d'avoir fait de l'humour, à ce moment-là pourquoi est-ce qu'on ne s'en prend pas aux autres humouristes qui jouent avec la chrétienneté, les femmes, les homosexuels et j'en passe. Je pense qu'il y a deux poids deux mesures dans l'expression de l'indignation par rapport aux médias, c'est vraiment insupportable.
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"Le divorce de Patrick" son précédent spectacle
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Amazon |
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Que réponds-tu à ceux qui ont l'impression que ce spectacle a été écrit plus rapidement que les précédents?
Je leur dis que c'est à peu près vrai... à une ou deux semaines près. Pression et expression sont deux temps indispensables à la création, c'est ce qu'il m'a fallu pour accoucher ce spectacle, et je suis assez content du résultat. Pour beaucoup c'est l'un des spectacles les plus denses et les plus efficaces.
A côté de ton spectacle tu refais parler de toi avec ton projet de film sur le "Code Noir" dont tu nous avais parlé dans une précédente interview. Peut-on savoir où tu en es dans ce projet, notamment dans le casting: tu avais annoncé des noms prestigieux, ces présences sont-elles confirmées ?
De Daniel Prevost en passant par Claude Rich, François Cluzet, Depardieu, Jean Dujardin, Catherine Mouchet, moi-même, et j'en passe, seront bien là. C'est un sujet qui intéresse en tout cas les comédiens, de se mettre en scène dans une atmosphère complètement différente. Le rapport entre le maître et l'esclave n'a pas vraiment été exploité au cinéma. Ca plait beaucoup.
Le scénario est bien avancé, nous en sommes quasiment à la dernière mouture, et le financement aussi.
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L'historien Louis Sala-Molins à droite
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eymerich.com |
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L'historien Louis Sala-Molins participera comme prévu à l'écriture du scénario?
Louis Sala-Molins et Claire Goton y participeront effectivement. Aujourd'hui, des états africains se proposent d'apporter une aide importante. Je pense notamment au Bénin et au Congo, qui ont manifesté un intérêt plus qu'important. Autrement, la souscription est commencée...
En parlant justement de financement, quel est le budget prévisionnel du film, à quel hauteur est-il réuni, et comment pourraient agir ceux qui voudraient participer?
Dans le dernier montage fiscal et juridique, Christiane Taubira députée de la Guyane, et à l'origine de ce décret qui reconnaissait l'esclavage comme crime contre l'Humanité, a demandé au législateur une disposition fiscale particulière pour le montage de ce film.
Sur tout film sur l'esclavage ou sur celui-là en particulier?
Sur ce projet particulier de film qui devrait se tourner en Guyane, avec un projet d'exonération. Ce qui offre la possibilité à ceux qui donnent de déduire leurs dons de leurs impôts à hauteur de 60%. Ca peut évidemment intéresser les entreprises.
La souscription a commencé, mais nous voudrions avoir le dossier vraiment bouclé pour pouvoir proposer des choses très concrètes. Pour l'instant ce sont des dons simples qui sont effectués.
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L'idée n'est pas de heurter ou de choquer. C'est un scénario à rebondissements où la situation entre le maître et l'esclave s'inverse au milieu du film, il y a donc une intrigue et un aspect film d'action à partir de la moitié du film, ce sera donc, je l'espère, un film grand public.
Le côté révolutionnaire en France en tout cas c'est de traiter le sujet. Je pense que ce sera un film produit et réalisé par un artiste d'origine africaine, et cela aura nécessairement un impact sur le traitement. Les américains se sont moins penchés sur le sujet, peut-être le manque de recul.
Je me sens en tout cas capable de le faire aujourd'hui, et quitte à faire un film, il me paraissait intéressant d'un point de vue artistique, et même pas militant, de mettre en scène des comédiens de renom, puisque Depardieu sera un esclavagiste.
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Hormis le problème de financement, est-ce que tu rencontres des obstacles particuliers dans le montage du film?
Je n'ai rencontré que ça, par rapport au système du cinéma français. Le CNC, Centre National de la Cinématographie (NDLR: qui finance en partie un certain nombre de films réalisés en France) m'a précisé que ce n'était pas pour eux un sujet de film. Je pense que cela a le mérite d'être clair. Il faut trouver un autre système, une autre façon de fabriquer, c'est pour cela que le fait d'avoir le soutien de pays comme le Bénin ou le Congo qui commencent à bouger dans cette direction est extrêmement positif pour nous, plus cette souscription qui devrait rassembler des français d'origine afro-caribéenne de toutes générations, c'est quand même très positif, et prouve qu'il y a une volonté de reprendre en main le devoir de mémoire par rapport à l'histoire, et c'est très cohérent par rapport au projet. Je suis donc satisfait artistiquement, symboliquement et d'un point de vue militant. C'est un projet qui est cohérent avec mon parcours et tout ce que j'ai pu faire depuis le départ.
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Dieudonné et des journalistes de Grioo.com
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grioo.com |
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Question rituelle, où en es-tu judiciairement?
J'ai gagné au printemps les deux procès les plus importants. La justice a tranché, le sketche n'était pas raciste, mais je n'ai pas eu pour autant droit aux excuses de ceux qui s'étaient acharnés sur moi. C'est de bonne guerre, mais au moins je n'ai pas eu droit à la poivrade à laquelle les neg'marrons avaient droit en sortie de marronage.
Je pense que cela a évolué, mais c'était la première fois en France que l'accès à la scène de l'Olympia était refusé à un artiste, qu'on interdisait à un français de travailler.
Tu fais justement allusion ironiquement dans "Mes excuses" au fait que tu te produisais au Zénith et que maintenant tu le fais dans de petites salles, comment juges-tu tes chances de te retrouver dans de grandes salles "comme avant"?
Je ne peux pas savoir comment les choses vont se mettre en place. Ce qui est clair c'est que nous avons dû essuyer une guerre dont nous sommes sortis vivant, ce qui est beaucoup. Elle n'est pas finie, cette guerre qui a été déclarée à moi en premier lieu et à la communauté noire en second et à tous ceux qui m'ont soutenu, comme votre site qui a "explosé". Certains ont payé très cher leur élan de solidarité. Il n'y a pas eu de mort, tant mieux.
Jean-Marie Tjibaou avait porté mon combat militant au départ. Aujourd'hui nous avons évolué, la diaspora afro-antillaise a un rôle très important à jouer pour l'Afrique noire et les Antilles. On est en marche, on est à la première étape, et je suis encore impressionné quand je repense à toutes ces personnes qui se sont mis autour de moi et qui m'ont physiquement protégé devant l'Olympia, c'est un jour important pour moi.
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