«l'objectif (des luttes sociales du passé) était justement de sortir les êtres humains de la précarité de la vie quotidienne qui était la leur»

Agir ensemble contre le Chômage ! diffuse sur la liste 'ac-forum' des textes de réflexion très pertinents.

Lire ces débats est une première manière d'inclure la question de l'esclavage sous ses formes historiques et contemporaines dans le développement de la pensée sociale, économique, philosophique, sociétale en un mot, des citoyens du monde que nous sommes.

Leur donner un prolongement ici, c'est réfléchir à ce que l'esclavage, à quelque époque qu'il se situe, a de spécifique, de liberticide pour tous les humains.
De mieux comprendre sa dimension de crime contre l'humanité.

«statut salarial» versus «statut des revenus»

Un des points majeurs, me semble-t-il, est de connaître la différence entre un «statut salarial» et un «statut des revenus»

La précarité comme loi

From: Monique AC!Orne <>
Date: Sun, 05 Feb 2006 10:07:49 +0100
To: ac-forum <ac-forum@ras.eu.org>
Subject: ac-forum La précarité comme loi - Tribune libre de SUD
Resent-From: ac-forum-request@ras.eu.org
Resent-Date: Sun, 5 Feb 2006 10:08:01 +0100

CDD, intérim, stages, et maintenant CPE créent de l'instabilité et sapent l'autonomie des jeunes.

La précarité comme loi par Annick Coupé porte-parole nationale de l'Union syndicale Solidaires et Aurélien Piolot porte-parole de la fédération Sud étudiants.


ac-forum • Rebonds • QUOTIDIEN • Vendredi 03 février 2006


Forwarded Message......................................................................................

Le contrat première embauche (CPE) est censé résoudre le problème du chômage des jeunes. Il constitue une nouvelle attaque frontale contre le droit du travail. Il ouvre la voie à une refonte de ce même droit, réclamé avec intensité par le Medef et déjà prévue par le gouvernement. L'argument du chômage des jeunes est ici utilisé pour accentuer la précarisation, déjà intolérable, de toute une frange de la population.

Embauche fantoche

La novlangue orwellienne est à l'oeuvre quand le Premier ministre, affirmant vouloir défendre «le modèle social français» s'acharne à en détruire les fondements et quand il veut nous faire croire que le CPE et sa période de «consolidation de l'emploi» seraient un tremplin pour l'emploi de jeunes. Une période de deux ans, durant laquelle les licenciements pourront avoir lieu sans aucune justification, ouvrirait la voie à la création d'emplois stables. En fait, le seul avantage du CPE est celui qu'en tireront les employeurs, qui pourront dorénavant procéder à une rotation des jeunes, de salariés corvéables à merci et jetables sans les contraintes habituelles. Le CPE cannibalisera les autres contrats de travail et les employeurs pourront enchaîner CPE après CPE.

Ce qui, avec le contrat nouvelles embauches (CNE), était réservé aux entreprises de moins de 21 salariés sera maintenant appliqué pour les jeunes à toutes les entreprises, avant d'être étendu à tout le salariat comme le gouvernement l'envisage explicitement. Un amendement déposé par le gouvernement dispose de plus qu'«en cas de rupture du contrat à l'initiative de l'employeur, au cours des deux premières années, il ne peut être conclu de nouveau contrat première embauche entre le même employeur et le même salarié avant que ne soit écoulé un délai de trois mois à compter du jour de la rupture du précédent contrat». En clair, le CPE pourra devenir un contrat de deuxième, troisième, voire quatrième embauche à condition que l'employeur attende trois mois.

L'apprentissage de la docilité pour pouvoir espérer y échapper

Pour les jeunes, les premiers pas dans l'emploi se traduiront par l'appréhension d'une encore plus grande précarité, l'apprentissage de la docilité pour pouvoir espérer y échapper. Vivre constamment avec l'épée de Damoclès du licenciement suspendue au-dessus de la tête, voilà le sort réservé aux premiers embauchés. Concrètement, cela veut dire adieu au droit de grève, adieu à la prise de responsabilité syndicale, adieu à toute forme de contestation, de regard critique ou même de respect des règles élémentaires du droit du travail. S'agit-il de faire des jeunes des salariés de seconde zone, précarisés, flexibilisés, réduits au silence ?

D'autant que cette jeunesse souffre de la précarisation de l'ensemble de son existence. Résignation et désenchantement, telles sont les caractéristiques d'une jeunesse qui est sommée de se satisfaire de son sort, qui doit accepter l'idée qu'elle est une génération qui vivra moins bien que celle de ses parents. Les jeunes aujourd'hui, qu'ils soient salariés ou en formation, sont touchés par une précarité multiforme. Une précarité de l'emploi, faite de succession de stages, de CDD, de période d'intérim, de chômage, ou de double statut pour les étudiants, qui sont maintenant près de la moitié à travailler. Une précarité du logement, accentué par l'augmentation des loyers, le délabrement des cités universitaires. Une précarité dans les études, avec des conditions de vie de plus en plus difficiles, des bourses indécentes, des logements hors de prix, des universités sous-dotées, ainsi qu'une difficulté de plus en plus importante à concilier étude et travail.

«La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?»

Cette précarité généralisée est un frein majeur à la réalisation de l'autonomie que tous les jeunes recherchent. Elle entraîne une situation d'incertitude constante, une incapacité à se projeter dans l'avenir, à construire sa propre vie. Cette souffrance a été mise en lumière récemment, par le mouvement des stagiaires, et par les étudiants en éducation physique et sportive qui ont fait annuler l'épreuve du Capes pour protester contre la réduction de 50 % du nombre de postes à ce concours. Aujourd'hui, plus d'avenir : les concours de la fonction publique se ferment, austérité budgétaire oblige, et le seul choix laissé à la jeunesse est celui de la précarité, CDD, intérim, stages et maintenant CPE. Nous défendons, pour notre part, la nécessité de permettre une réelle autonomie de la jeunesse. Elle ne pourra se faire que par l'acquisition d'un statut salarial stable et durable d'une part, et d'autre part par la création d'un revenu socialisé d'étude pour les jeunes en formation.

La nouvelle présidente du Medef, Laurence Parisot, affirmait il y a peu :
«La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?»

Une telle vision revient sur des décennies de luttes sociales dont l'objectif était justement de sortir les êtres humains de la précarité de la vie quotidienne qui était la leur. Face à un projet de société réactionnaire, au sens premier du mot, il faut aujourd'hui réaffirmer ce qui a été au fondement du syndicalisme dès sa naissance, la nécessaire «émancipation intégrale» de l'humanité de toutes les formes d'exploitation et d'oppression.



AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC! AC!

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Bibliographie

François Dubet.- Injustice, l'expérience des inégalités au travail.- Editions du Seuil, 2006


Lundi 9 avril 2006, Communiqué de M. Jacques CHIRAC

CPE - Communiqué concernant le remplacement de l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances.

Communiqué de M. Jacques CHIRAC, Président de la République concernant le remplacement de l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
Paris, le 10 avril 2006
COMMUNIQUÉ
Sur proposition du Premier ministre et après avoir entendu les Présidents des groupes parlementaires et les responsables de la majorité, le Président de la République a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté. Le Premier ministre s'exprimera à ce sujet à 10 h 30 de l'Hôtel Matignon.
Lire

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Allocution du Premier ministre à Matignon

10-04-2006 11:03

Depuis plusieurs semaines, notre pays connaît l’agitation. Les désordres dans les universités et les lycées menacent d’affecter la bonne organisation des examens de fin d’année. Les manifestations de voie publique mettent en danger la sécurité des jeunes. Tout cela commande désormais de trouver une issue rapide à la crise.

Les discussions conduites depuis une semaine par les Présidents de groupes parlementaires, Bernard ACCOYER et Josselin de ROHAN, avec l’ensemble des partenaires sociaux, organisations étudiantes et lycéennes, m’amènent aujourd’hui à un constat.

Les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l’application du contrat première embauche.

Sur le rapport des Présidents des groupes parlementaires et des responsables de la majorité, j’ai proposé au Président de la République, qui l’a accepté, le remplacement de l’article 8 de la loi pour l’égalité des chances par des mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté. La nouvelle proposition de loi sera présentée dès ce matin.

Depuis plusieurs mois, toute mon action et celle du Gouvernement ont été guidées par un impératif : apporter une réponse efficace aux milliers de jeunes de notre pays, à qui on ne propose aucun emploi.

J’ai voulu agir vite, parce que la situation dramatique et le désespoir de beaucoup de jeunes l’exigent.

J’ai voulu proposer une solution forte, parce que j’ai la conviction qu’au-delà de l’engagement nécessaire de l’Etat, seul un meilleur équilibre entre plus de souplesse pour l’entreprise et plus de sécurité pour les salariés nous permettra de rompre avec le chômage dans notre pays.

Cela n’a pas été compris par tous, je le regrette.

Le débat est désormais ouvert, nous ne devons pas le refermer. Je propose donc d’engager une discussion sans à priori avec les partenaires sociaux sur la sécurisation des parcours professionnels, sur la précarité et l’insertion des jeunes dans l’emploi.

La crise révèle une anxiété sociale autant qu’un désir de modernisation

L’enjeu, c’est de donner à chacun sa place, de créer des emplois, de créer de la croissance. L’enjeu, c’est de préserver notre modèle social en l’adaptant, qu’il s’agisse de l’école, de l’université, de la place faite aux jeunes dans notre société. Autant d’objectifs qui seront au cœur de l’action gouvernementale au cours des prochains mois.

Notre responsabilité, c’est de préparer l’avenir de notre pays et je souhaite que nous nous retrouvions tous ensemble pour avancer.

Je vous remercie.

premier-ministre.gouv.fr

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Commentaires

Nouvelle proposition de loi sur l’emploi

Le Premier ministre a prononcé lundi 10 avril 2006 une allocution suite aux discussions entre les Présidents de groupes parlementaires et les partenaires sociaux, afin de sortir de la crise actuelle. Il a annoncé le remplacement de l’article 8 de la loi pour l’égalité des chances par des mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté.

"Les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l’application du contrat première embauche". Cela a été le constat pris par Dominique de Villepin suite aux échanges entre les parlementaires Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, d’une part, et les organisations étudiantes et lycéennes, d’autre part.

Une nouvelle proposition de loi

En conséquence, des "mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté" se substitueront à l’article 8 de la loi pour l’égalité des chances.

Le gouvernement souhaite engager une discussion « sans a priori » avec les partenaires sociaux. Cette discussion reprendra les grands chantiers annoncés lors de la conférence de presse mensuelle du jeudi 6 avril qui ont pour enjeux la "sécurisation des parcours professionnels, la précarité et l’insertion des jeunes dans l’emploi".
10-04-2006 11:37

Humour
"Créer c'est résister, résister c'est créer"

Etudiants contre forces de l’ordre "exemplaires"[1] par Philippe TASTET

Retrouvez Philippe Tastet sur son Blog exclusivement réservé aux parents.

Notes

[1] NDR : Toute comparaison avec une autre actualité est nulle et non avenue