Toute voie qu’empruntent les masses
Pour former l’unité des classes
En supprimant tous les écarts
Doit être vue à bien d’égards...
Il veut la paix: et, eux, qu’il donne
Sa voix pour que la paix foisonne.
Mais lorsqu’il voit que rien ne va
Et qu’il le dit, l’État le broie ...
Le voeu du peuple, oeuvre divine,
Qu’il soit bien comme à l’origine...

Peuple! Ils tenteront de séduire
Toute vertu pour bien détruire
Ton âme, en touchant tes besoins
Dont ils ont fait — avec quel soin!—
Le beau projet que tu oies* bruire
Dans des mots qu’on ne peut traduire
Car cousus des spectres de rien
Qui taxent tes “rhumes de foin ”*
D’actes “inciviques pour nuire”...
Que nul ne puisse te séduire!

O peuple! Il ne faut surtout pas,
Par les vains discours de l’État,
Sombrer sans foi dans le marasme
D’idées qui ne sont que des spasmes
Où les mots nous lient au trépas!
Leur folie ne fait un seul pas
Qui ne soit objet de sarcasme
Pour les esprits sains, sans fantasme,
Quand ces clowns tiennent les débats
Et font sur le tas des ébats...


Jules Kébla Paris, rue de Joinville, le 14 avril 2001

* Le verbe “ouïr” sonne tellement bien ici que je n’ai pas pu m’empêcher d’enfreindre quelque règle en vue de créer cette forme pour ce chant... Et j’espère que les grammairiens respecteront tous ma liberté, ici, par souci d’assouplir la sonorité de ce vers tout en respectant son octosyllabité. Merci.
* Fortes revendications.