Bon sang de sacro-saint de dieu!
Qu’est-ce qui se passe en ce lieu?
Jusqu’à l’horizon, le silence
Sur les morts plane d’insolence...

Waterloo! Plaine des malheurs!
Là, s’arrêtent tous vos labeurs!
Ayant lutté corps, coeurs et âmes
Pour vos enfants et pour vos femmes,

La paix ne peut-être obtenue
Qu’après avoir versé du sang?
Et où irez-vous, âmes nues,
Après avoir vidé ces champs?

Loin que vos corps sombrent sous fleurs,
N’avez-vous pas vu des colombes
De leurs ailes sécher les pleurs
De ceux qui fleuriraient vos tombes?

L’Aigle était bien fière de vous,
Mais votre mort, ô militaires!
Ne lui a pas conquis la terre...
Vous n’êtes pas tombés pour nous...

Non! * ô Seigneur! Miséricorde!
Pour qui s’use jusqu’à la corde!
Vos tombes sont fleuries des pleurs,
Car la guerre a brisé nos coeurs!

Humbles soldats! ô militaires!
Pauvres vertus! oh! je vous plains!
Car le sang versé sur la terre
N’a pas changé notre destin!

Jules Kébla
Paris, rue de Joinville
le 18 avril 2001

* “Non”: c’est la réponse aux questions posées dans les strophes trois (première question) et quatre, et
une confirmation de la seconde partie du strophe cinq.