Le PNUD a lancé mercredi dernier le programme «Villages du Millénaire» à Potou dans la région de Louga. Il s’agit d’une approche nouvelle de développement à la base pour atteindre les OMD et réduire l’extrême pauvreté dans le monde et en Afrique principalement. Cela, par l’implication des populations bénéficiaires et par des techniques non onéreuses et pratiques.



Les Nations Unies (NU) s’engagent à réduire l’extrême pauvreté dans le monde avant 2015 pour atteindre les OMD. Car «la lutte contre la pauvreté est devenue une priorité mondiale», a déclaré Suzanne Maiga Konaté, coordonnatrice du système des NU, mercredi à Léona dans la région de Louga, lors du lancement du projet les Villages du Millénaire. En effet, «le rapport du PNUD en 1994 identifiait la pauvreté comme la menace la plus grave pour la stabilité politique, la cohésion sociale et la salubrité de l’environnement» a-t-elle ajouté. C’est pourquoi le (PNUD) a lancé ce projet -sous la tutelle du ministère du Plan et du Développement durable- dont le but est d’aider les pays subsahariens à vaincre l’extrême pauvreté par la conduite d’une intervention multisectorielle dans les zones de grande précarité. Car le projet repose sur une idée forte et singulière : «les villages pauvres peuvent, eux-mêmes, opérer leur transformation d’ici 2015, s’ils sont rendus autonomes dans l’usage de technologies éprouvées peu onéreuses et pratiques». En effet, les objectifs de ce projet sont d’aider les communautés rurales africaines à réaliser les OMD à travers leur autonomisation par le biais de la participation et du leadership au niveau de la conception, de l’exécution, du contrôle et de l’évaluation des actions. Ensuite par une intervention basée sur une recherche scientifique éprouvée combinée aux meilleures connaissances locales. Et cela par une synergie des actions entre les programmes communautaires, régionaux et gouvernementaux existants dans la zone du projet, la conception et la mise en œuvre de modèles applicables de villages en villages et enfin par une politique de retrait du projet préparant à l’auto prise en charge des populations rurales. Ainsi le PNUD va injecter plus de 9,4 milliards de francs CFA sur 5 ans (2006-2010) pour assurer un développement économique des communautés rurales du Sénégal. Car Selon Jeffrey Sachs professeur d’économie et responsable du projet, pour réaliser les OMD, chaque pays africain devrait augmenter les investissements publics à hauteur de 75 à 80 dollars par habitant entre 2005 et 2006 pour atteindre 125 à 160 dollars vers 2015. Le projet de Villages du Millénaire est conçu pour 110 dollars par tête et par an. Pour les cinq (05) années que durera le projet, le financement est estimé à 18800000 dollars soit plus de 9,4 milliards de francs CFA. Et selon la coordonnatrice, la moitié du budget est déjà disponible grâce au soutien du gouvernement japonais et aux dons privés essentiellement américains et l’autre moitié sera mobilisée.

Approche participatif

Avec ce projet, les NU changent de stratégie et privilégie l’approche participative. En effet au début du lancement des OMD, l’accent était mis sur l’action du gouvernement pour réduire la pauvreté. « Le projet se veut participatif et les interventions à base scientifique seront fondées sur l’implication et le leadership des institutions mais aussi des communautés locales » a rappelé la coordonnatrice. En effet, ceux sont elles qui identifient les obstacles au développement économique, les actions prioritaires et préconisent des solutions pour sortir de la pauvreté. Désormais la communauté internationale et les gouvernements nationaux interviennent seulement avec un appui technique pour permettre aux bénéficiaires de s’approprier les technologies et être autonomes. Il s’agit selon Madame Maiga de réaliser les OMD par la réduction de l’extrême pauvreté, d’assurer l’éducation primaire pour tous les enfants, la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIH Sida, le paludisme et les autres maladies, d’assurer la protection durable de l’environnement et enfin de mettre en place un partenariat durable.

Le Sénégal choisi pour sa bonne gouvernance et sa démocratie

En Afrique, les (12) sites dans 10 pays (dont 6 en Afrique de l’Est et 4 en Afrique de l’ouest) pilotes choisis, obéissent à deux critères fondamentaux : les zones d’extrême pauvreté et celles agro écologiques. A cela il faut ajouter la proximité des centres de recherche, les possibilités de partenariat, la stabilité et la bonne gouvernance. Et selon Suzanne Maiga Konaté : «le Sénégal a été choisi comme pays pilote en Afrique de l’ouest parce qu’il s’est résolument engagé à réaliser les OMD et «en raison de sa bonne gouvernance, de sa stabilité et de sa démocratie ». Et au Sénégal, c’est la communauté rurale de Léona dans la zone des Niayes, bordant la frange maritime nord du pays entre Louga et Saint Louis qui a été ciblée pour accueillir le site expérimental. Selon Oumar Diouf, responsable scientifique du projet, la zone obéit aux critères du PNUD, car les 30.000 habitants vivent essentiellement de la pêche et de l’agriculture, d’autre part, les activités horticoles sont menacées par l’avancée des dunes. Le projet est né d’un partenariat entre l’Institut de la Terre de l’université de Columbia, le projet du Village du Millénaire, le PNUD, le Millénium Promise et le Millénium Villages International (MVI). Il bénéficie du soutien des firmes multinationales comme Shell et la firme japonaise Sumitomo.

Norbert Zongo 17 Nov 2006