Le tribunal correctionnel de Louga a condamné avant-hier les « Baye Fall » Mamadou Mbaye et Ibrahima Mar à six mois d’emprisonnement ferme et les quarante autres « Baye Fall » ont été relaxés. Minutes d’une audience spéciale de neuf heures d’horloge.

Les 42 « Baye Fall » interpellés lors des évènements de Darou Mouhty ont comparu avant-hier devant le tribunal correctionnel de Louga, malgré la grève des greffiers qui a failli paralyser le procès. Ouvert tardivement vers les coups de 12 heures 40 minutes, le procès a connu son épilogue avec le verdict tombé tard dans la nuit, vers les environs de 21 heures 35 minutes.

Finalement, Mamadou Mbaye et Ibrahima Mar, les deux premiers interpellés dans cette affaire survenue il y a deux semaines, ont écopé chacun de six mois d’emprisonnement ferme. Ils étaient poursuivis du délit d’évasion à la Brigade de la Gendarmerie de Darou Mouhty où ils étaient gardés après avoir été cueilli chez le nommé Serigne Sall constitué en partie civil. Les 40 autres « Baye Fall » ont tous été relaxés, le délit de rébellion n’étant pas fondé.

Dans le réquisitoire du Parquet, il est ressorti que pour les deux premiers prévenus, trois délits pesaient sur eux : actes de violences par voie de faits, violation de domicile et délit d’évasion. Seul le dernier délit a été finalement retenu. « Puisque les témoignages du gendarme El Hadji Guèye, qui était en permanence au moment des faits, a clairement blanchi les deux présumés et en même temps les 40 autres interpellés », estime le Parquet.

Drapeau

« Quand un groupe de « Baye Fall » a fait irruption au niveau du poste, ils m’ont simplement bousculé, ils n’ont usé d’aucune violence manifeste, encore moins détruit le drapeau qui était déjà descendu. J’ai essayé de les sensibiliser, mais ils ont ouvert le violon et laissé sortir leurs camarades », a dit le gendarme devant la barre. Par la suite, quand il a été interpellé sur les actes de rébellion de même que le second témoin Abdou Karim Dieng « Magoume Baye Fall », les deux témoins ont précisé qu’il n’en a été rien.

Le gendarme a également avoué qu’il n’était en mesure d’identifier aucun parmi les 42 prévenus. Mieux, un a un, tous les 40 autres « Baye Fall » ont soutenu être arrêtés par les éléments du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign) soit au « daara » de Chicori, en ville ou dans la rue.

D’autres font partie de la dizaine de « Baye Fall » volontaires qui s’étaient rendu de leur propre gré après avoir entendu le « Ndiguël » du marabout. C’est ainsi qu’à la fin de son réquisitoire, le procureur a demandé au tribunal de condamner Mamadou Mbaye et Ibrahima Mar à six mois d’emprisonnement dont deux ferme. Il a requis pour les 40 autres six mois dont un ferme.

Les avocats de la défense, Me Demba Ciré Bathily et Me Clédor Ciré Ly, ont trouvé le réquisitoire du Parquet « indigne ». Puisque selon leurs propres propos, « les délits de violence et de violation de domicile étant non fondés, les deux « Baye Fall » ne devaient pas être condamnés dans la mesure où, au sens pur du Droit, il n’y a pas évasion ».

Mieux, selon toujours les avocats de la défense, les deux n’ont usé d’aucune violence, mais ont trouvé simplement la porte ouverte alors qu’ils n’étaient pas en ce moment en prison mais dans une chambre de sûreté. « C’est une histoire montée de toutes pièces. Les « Baye Fall » ne sont pas des damnés, mais d’honnêtes gens qui travaillent et croient fermement au Ndiguël », a dit Me Bathily.

Après le prononcé du verdict condamnant Mamadou Mbaye et Ibrahima Mar à six mois ferme, les avocats de la défense ont décidé d’interjeter appel, mais se sont interrogés sur le sort de ces 40 « Baye Fall », qui ont été privés de liberté pendant deux semaines, offensés et finalement libérés sans réparation aucune.

OUSMANE MBENGUE