L’avènement des volontaires de l’éducation dans la région de Louga a constitué un véritable déclic au niveau du système éducatif. Le taux de scolarisation des enfants est passé de 43 % en 1995 à 77 % en 2006. La forte demande d’éducation des populations est jusque-là bien prise en charge.

Louga est l’une des régions du pays qui a toujours et beaucoup souffert de la faiblesse du taux de scolarisation des enfants. Un taux qui avoisinait les 40 % dans les années 90. Comme partout, dans le pays, l’école était confrontée au déficit en personnel enseignant alors que la demande en éducation des populations surtout pour l’élémentaire demeure très forte. Selon l’inspecteur d’Académie, Baba Ousseynou Ly, la situation économique et financière du pays ne permettait pas de recruter suffisamment des enseignants formés selon la formule classique. Mais il fallait attendre l’année 1995, où une stratégie nouvelle de recrutement a été vite trouvée par les autorités pour atteindre les objectifs de scolarisation universelle. “ C’est ainsi que le projet des volontaires de l’éducation est né avec tout d’abord une phase expérimentale ”, explique M. Ly.

Concrètement, le projet a beaucoup apporté au système éducatif. Douze (12 ans), une grande partie des besoins en éducation des populations a été entièrement satisfaite. En effet, “ pour la région de Louga où le taux de scolarisation était de 43 %, nous avons assisté à une croissance exponentielle jusqu’à atteindre les 77 % ”, affirme l’inspecteur d’Académie. Chaque année, plus d’une cinquantaine de volontaires sont mis à la disposition des trois IDEN de la région. Et de proche en proche la région a un personnel de l’enseignement élémentaire suffisant qui a permis une bonne prise en charge de la demande en éducation par le recrutement et la scolarisation des milliers d’élèves qui attendaient encore. En effet, le rythme annuel de recrutement est de plus de 200 enseignants en langue française et 35 en langue arabe.

Une formation de 6 à 9 mois en 2007

La formation de ces corps dits émergents est l’une des préoccupation actuelle des autorités. Les difficultés connues lors du démarrage du projet, notamment la durée de la formation et qui est souvent l’objet de critiques de la part des syndicats, sont en passe d’être résolues. En effet, “ jusqu’en 2000, les volontaires recrutés aux mois de mai et juin étaient pris en charge du point de vue de la formation par les Iden pour deux mois (août et Septembre) ”. Ce qui a toujours constitué, selon Baba Ousseynou Ly, une préoccupation fondamentale des syndicats, parents d’élèves et autres acteurs de l’éducation. À partir de 2001-2002, l’Etat a décidé de former tous les volontaires au sein des Écoles de formation des instituteurs (Efi). La formation passe alors de 2 mois à 6 mois avec un référentiel assez bien élaboré, qui à termes, devrait permettre aux volontaires stagiaires de disposer d’un maximum d’outils pour la prise en charge des besoins des élèves dans leurs écoles. Une nette évolution du volet de la formation qui, de l’avis de l’inspecteur d’Académie de Louga, sera davantage renforcée. En effet, “ l’État a manifesté sa volonté d’augmenter la durée de la formation à 9 mois à partir de la rentrée de 2007-2008, en commençant l’année scolaire à partir du mois d’octobre. C’est une manière pour les autorités de revenir au système classique de formation, une formule qui nous espérons va permettre aux enseignants d’avoir une formation initiale acceptable ”, dit l’inspecteur.

Mieux, affirme Baba Ousseynou Ly, dans le cadre de la coopération japonaise, dans la région, d’importants acquis ont été notés avec le plan de formation des directeurs d’établissements sur le management des écoles de Louga. Mais également avec le deuxième projet intitulé : “ Étude pour le renforcement de la déconcentration et de la décentralisation de l’éducation au Sénégal ”, il est prévu une activité-pilote qui consiste à la formation continuée des enseignants dans les cellules pédagogiques. Laquelle formation prend en charge les maîtres dans les cellules d’animation pédagogique avec la mise à leur disposition, au niveau des communautés rurales ciblées, des modules de formation à distance conçus par les inspecteurs de la région avec des cycles de regroupement et de partage d’expériences qui permettent de renforcer les capacités professionnelles des enseignants. “ Une voie offerte par nos partenaires japonais pour relever le défi de la formation afin que les maîtres que ce soit volontaire ou autre de pouvoir prendre en charge correctement les classes à gérer ”.

Mutuelle efficace

Outre l’aspect de la formation, les volontaires de l’éducation ont bénéficié, depuis quelques années, d’un plan de carrière bien défini se concrétisant par un recrutement dans la fonction publique. Cela, il faut le préciser, après des années d’âpres luttes syndicales pour une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Dans cette lancée, les volontaires et l’ensemble des corps émergents constitués ont mis sur pied, depuis 1995, une structure pour faciliter leur prise en charge sociale et sanitaire. Il s’agit notamment d’une mutuelle des volontaires de la région qui prend en charge médicalement l’ensemble des volontaires, maîtres contractuels, professeurs vacataires et reclassés de l’éducation. Une prise en charge à deux niveaux qui concerne d’abord les frais des ordonnances des adhérents ainsi que sept autres bénéficiaires constitués des membres de leurs familles, remboursés à hauteur de 40% par la mutuelle. D’autre part, les frais d’hospitalisation et d’accouchement sont pris en charge à 100 %. Selon le coordonnateur régional de la mutuelle, Alioune Seck, il y a une certaine évolution par rapport au retard de paiement des salaires. C’est ainsi qu’un système de micro finance est mis en place au sein de la structure pour permettre à la mutuelle d’anticiper sur le paiement des salaires et recouvrer dans les Iden. Les bénéfices tirés des prêts, à travers la micro-finance, servent à renforcer le volet micro-assurance santé afin de pouvoir rehausser le taux de prise en charge sanitaire des volontaires. Au total plus de 3000 mille bénéficiaires sont recensés au niveau de la région.

OUSMANE MBENGUE