(Correspondance) - L’affaire Toufic Jabour, du nom du célèbre trafiquant de chanvre indien arrêté par la brigade de recherches de la Police et qui avait incriminé certains agents du commissaire Bassamba Camara, continue de charrier des vagues à Louga. En effet, lors de son procès, Toufic Jabour avait dit que ce sont les agents B. F. et M. K. qui lui avaient proposé ‘de reprendre ses activités de vente illicite de chanvre indien, moyennant un versement de 15 000 F par jour dans un premier temps, puis de 25 000 F en période de bonne récolte’. Et toujours selon le trafiquant, les deux agents lui avaient promis de le ‘couvrir sans problème’. C’est pourquoi, affirmait-il à la barre du tribunal de Louga, ‘je pouvais vendre pendant la journée sans risque d’être arrêté’. Et pour apporter la preuve de ses allégations, Toufic Jabour dira au Procureur que ‘trois témoins sont bien dans la salle et ils peuvent confirmer ce que je dis’. Allant plus loin, il ajoutera : ‘Les numéros de téléphone des deux agents sont avec moi et leurs appels sont enregistrés’. Devant la gravité de telles dénonciations, le procureur ordonnera une enquête auprès de la gendarmerie pour un éclairage de cette affaire. Face à ce qui semble être un fait sans précédent dans l’histoire de la police locale, le commissaire Bassamba Camara qui semble prendre très au sérieux cette histoire a donc convié la presse dans ses locaux pour, explique-t-il, ‘lever quelques équivoques’. Revenant sur les faits qui ont précédé l’arrestation du dealer, le patron de la Police locale dira avoir suivi la procédure du début à la fin de l’enquête. C’est pourquoi, affirme t-il, il est en mesure de dire que le trafiquant Toufic Jabour ‘est un récidiviste notoire pour avoir été maintes fois appréhendé dans des histoires de vols et de ventes illicites de chanvre indien et condamné’. C’est dire que cette quatorzième arrestation, après 28 ans d'activités, ne peut-être un fait inédit aux yeux des hommes de loi. Par contre, ce qui semble nouveau dans cette affaire, c’est que le bandit a mouillé les agents de Police dont les initiales sont B.F. et M.K. Et de surcroît en pleine audience et devant une foule nombreuse. Mais pour tout cela, le commissaire Camara réfutera les accusations du prévenu ‘pour la bonne et simple raison que l’un des agents incriminés, en l’occurrence M.K. a participé à l’arrestation du bandit ’.

Ainsi pour le Commissaire Camara, le voyou ‘a simplement voulu entraîner dans sa chute ses agents comme cela se passe très souvent’. Ecartant toute idée de couverture de ses collègues, si leurs implications étaient justifiées, le patron de la Police locale n’en pense pas moins que les choses telles que relatées ‘posent des équivoques’. C’est pourquoi, déclare-t-il, il a ‘pris la responsabilité de tenir ce point de presse’, après en avoir informé ses supérieurs. Répondant à la question selon laquelle, le procureur de Louga aurait demandé à la gendarmerie de mener une enquête sur la responsabilité des agents cités, le commissaire dira ne pas être au courant d’une telle requête et qu’il n’a pas été saisi de cela. Pour lui, l’affaire est entre les mains du Procureur à qui il a transmis la déclaration par procès-verbal du trafiquant qui, selon ses aveux, se ravitaillait à Dakar sanstoutefois préciser ses ‘sources’.

C’est dire qu’entre la déclaration du procureur qui a affirmé avoir demandé à la gendarmerie d’ouvrir une enquête sur les deux agents incriminés par le bandit et celle du commissaire Camara qui affirme n’être pas au courant d’une telle enquête, il y a bien des zones d’ombre qui subsistent. Tout comme les appels numérotés des deux agents de Police qui seraient enregistrés dans le portable de Toufic Jabour.

Ama DIENG