Ces déclarations ont été faites dans le cadre d’une interview exclusive accordée ce jour à BBC Mundo au cours de laquelle elle a évoqué le rôle du président (vénézuélien) qu’elle a qualifié comme étant "peut-être la seule personne pouvant obtenir un accord humanitaire" des rebelles des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (Farc).

Córdoba, une législatrice fortement opposée au président Álvaro Uribe a été désignée par le gouvernement de Colombie en tant "facilitatrice" de ces négociations. Elle a par la suite proposé Chávez comme "observateur" international du processus.

Le chef d’état vénézuelien a indiqué que sa fonction s’est désormais transformée en celle de médiateur, et en tant que tel il est disposé à se déplacer dans la jungle colombienne pour parler personnellement avec le commandant des FARC.

Ce commentaire a été fait ce dimanche au cours de son émission radio "Aló Presidente" durant laquelle il a informé qu’il avait reçu une lettre de "Tirofijo" dans laquelle il alléguait des problèmes de santé (l’empêchant) de se rendre au Venezuela.

" Je suis disposé à me rendre dans la jungle profonde pour discuter avec Marulanda si le gouvernement colombien l’approuve, si Uribe le considère approprié ", a indiqué Chávez. Mais ce lundi, le haut commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo, a soutenu que Bogotá n’a reçu aucune demande à ce sujet et que le gouvernement de Uribe "ne considère pas qu’une éventuelle proposition allant dans ce sens soit viable ".

Dans un communiqué, Restrepo a rappelé qu’il y a cinq jours il a rendu visite à Chávez à Caracas et à cette occasion "le soutien du gouvernement colombien à une rencontre du président Chávez avec un délégué des FARC en territoire vénézuélien a été réitéré".

Proposition inédite

Au cours de son entretien avec la BBC ce mercredi, la sénatrice Piedad Córdoba a indiqué que la possibilité que Chávez se rende en Colombie pour une réunion de cette nature n’a jamais été négociée.

"Il n y a eu aucun rapprochement personnel pour vérifier quelles peuvent être les conditions actuelles de l’accord humanitaire et la possibilité d’une réunion avec les membres du commando des FARC", a déclaré la législatrice.

Elle a également lancé un appel à la prudence dans l’analyse des possibilités de rencontres de ce genre chaque fois qu’il y a "des personnes ayant intérêt à ce que ce processus échoue".

D’autre part, elle a estimé qu’il existe des coïncidences qui font que Chávez est " peut-être la seule personne pouvant obtenir un accord humanitaire du fait de l’influence qu’il a sur les parties ".

"Pas parce que le président Chávez est lié aux FARC, mais parce qu’il y a des coïncidences du point de vue de la conception politique de ce que doivent être les pays d’Amérique Latine", a-t-elle précisé.

Soutien français

La législatrice a partagé sa réflexion sur l’importance de la relation économique entre le Venezuela et la Colombie pour le rôle de médiateur de Chávez. "Il existe des intérêts très importants, par exemple, dans le gazoduc qui passerait par la Colombie", a-t-elle affirmé, avant d’ajouter de suite:

"Et l’importance du fait que le président Uribe, étant actuellement le président de la CAN (Communauté Andine des Nations), la réintégration du président Chávez donnerait une dynamique différente à la communauté andine".

La sénatrice Córdoba considère de plus que la participation de Chávez au processus de négociation de cet accord humanitaire est très bien vue par la majorité de la population colombienne.

Ses déclarations ont également coïncidé avec un autre appui de taille au chef de l’état vénézuélien, cette fois en provenance du président français Nicolas Sarkozy.

Un communiqué de la Chancellerie (française) à Caracas, a indiqué que le président français "a confirmé son soutien à l’action menée par le président Chávez en vue de l’échange humanitaire en Colombie".

Les négociations visent à la libération par les FARC de 45 des otages qu’ils détiennent, parmi lesquels l’ex candidate à la présidence Ingrid Betancourt et trois citoyens américains.

En échange, le gouvernement de Álvaro Uribe s’engagerait à libérer quelques 500 membres du groupe guerrillero détenus dans les prisons colombiennes.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/latin_america/newsid_6991000/6991700.stm