Mouvementée aura été, hier, la visite du président de la République, Me Abdoulaye Wade à Kébémer et surtout à Louga. Face à des bandeaux et des foulards rouges brandis et aux cris réclamant son départ, Me Wade n’a eu pour seule attitude que d’y voir la main de ses adversaires politiques. Il a réclamé la mairie de Louga pourtant déjà entre les mains de son parti et a fait endosser, à son prédécesseur, Abdou Diouf, l’absence de réalisations à Louga.

Me Abdoulaye Wade s’est emporté, hier, à Louga devant l’insistance des porteurs de bandeaux et foulards rouges aux cris de na dem ! na dem ! na dema dema dem (autrement dit «Qu’il parte ! Qu’il parte, parte, parte ! ») Face à des jeunes déterminés qu’il estime être seulement envoyés, le Président Wade a signifié qu’inaugurer un commissariat de police ou un poste de gendarmerie ne plaira jamais aux voleurs ; de la même manière, le faire pour un temple de la Justice ne peut satisfaire les fossoyeurs. Dans cette ambiance électrique où n’a pas été tenue la promesse de faire noyer les porteurs de bandeaux et foulards rouges sous le déferlement des vagues bleues, Me Wade s’est même autorisé à dire aux populations venues à l’accueil: «Si vous voulez que je construise Louga, donnez-moi la mairie.» Et certains esprits de se demander si le Président Wade ironise ou ignore vraiment que la mairie de Louga est aujourd’hui entre les mains de son parti, le Pds. Le chef de l’Etat a appelé les jeunes qui lui ont réservé cet accueil particulier et ceux de sa région à tendre vers le progrès. Concernant les socialistes de Louga, il a dénoncé la légèreté qui consiste à ne rien faire, attendant que l’on vienne leur construire un édifice comme le palais de justice. «En venant à Louga, je devais tout y trouver, mais je suis venu, et il n’y a rien. Ce n’est pas de la politique, c’est le chef de l’Etat qui parle», a-t-il martelé, avant d’appeler à cultiver le pluralisme démocratique et la tolérance. «Il faut que vos aînés, vos grands frères ou vos pères, vous apprennent la démocratie. Si les gens du Parti socialiste ne peuvent enseigner la démocratie parce qu’ils l’ignorent, nous pouvons la leur apprendre. Il leur suffit de regarder sur nous», a enchaîné Me Wade.

Et c’est à Kébémer, avant même d’arriver dans la capitale du Ndiambour, Louga, qu’il avait annoncé la couleur: «Si Louga en est encore à présenter des revendications, ce n’est pas la faute d’Abdoulaye Wade. Abdou Diouf est un homme intelligent, un grand patriote. Quand nous nous voyons, il me dit qu’il est content de la manière avec laquelle je dirige son pays. Que les gens me donnent des cahiers de doléances comme d’autres le font pour leur ville !» C’est aussi à Kébémer que le chef de l’Etat a annoncé le transfert probable de la nouvelle capitale du site de Lompoul vers sa ville natale. Il explique ces nouvelles dispositions par le fait que des étrangers ont découvert dans le sous-sol de Lompoul des pierres précieuses pouvant rapporter beaucoup de milliards pour la construction du Sénégal. Et, à la condition que ses partenaires passent à la caisse, Kébémer abritera la nouvelle capitale.

Me Abdoulaye Wade a aussi saisi cette occasion pour lancer un avertissement à tous les militants du Pds, où qu’ils se trouvent: «La base n’investit pas ; elle propose. C’est le parti qui prend ses responsabilités et investit.» Il avertit aussi que tout militant, y compris les ministres, qui ne participera pas à la campagne sur le terrain, n’aura pas de poste après le 25 février.

Il convient de relever que le prétexte de cette journée a été la visite du haras national de Kébémer, l’inauguration de l’Espace -jeunes, du nouveau lycée et du centre départemental d’assistance et de formation pour la femme, ainsi que du palais de justice de Louga. Il faut noter aussi que toutes ces infrastructures concernées, sauf le haras, ont déjà commencé à fonctionner normalement.

Par Pape DIAKHATE - Correspondant Paru dans le site de Mansour Gaye