Les populations du département de Louga tardent encore à saisir les opportunités de développement offertes par le Fonds Italie-Cilss de lutte contre la désertification pour la réduction de la pauvreté au Sahel. Sur une enveloppe de plus de deux milliards de francs Cfa, elles n’ont pu tirer que quelque trois cents millions de francs Cfa à un an et demi de la fin du projet.

Le Fonds Italie-Cilss de lutte contre la désertification pour la réduction de la pauvreté au Sahel vise à améliorer les conditions socio-économiques des populations rurales dans les zones à risque environnementale élevée communément appelées Zareze. Au Sénégal, la zone d’intervention du projet couvre les communautés rurales de Sindian, Oulampane, et Kafountine (dans le département de Bignona), Oréfondé, Ogo et Dabia (dans le Matam) et, enfin, Mbédiène, Gandé et Léona (dans le département de Louga). Seulement à un an et demi de la fin du projet, les grands bénéficiaires que sont les organisations de producteurs traînent encore les pieds. Dans les trois communautés rurales du département de Louga choisies comme zones pionnières, seule une soixantaine de projets ont été financés jusque-là. Soit un montant de trois cents millions de francs Cfa sur une enveloppe globale de plus de 2 milliards de francs Cfa allouée à notre pays. Une situation qui inquiète à plus d’un titre le cadre national de concertation des ruraux (Cncr) entièrement impliqué dans ce projet, et qui a dépêché une mission à l’encontre des organisations des producteurs au niveau des trois communautés rurales de Gandé, Mbédiène et Léona. « Notre objectif est de sensibiliser davantage les populations sur la nécessité d’utiliser ces fonds qui sont destinés à notre pays et qui, à défaut, pourraient être retournés ou reversés à d’autres pays. Nous sommes donc venus prêcher la bonne parole, discuter avec nos membres et voir ensemble les problèmes qu’ils rencontrent et ce qu’on peut faire pour renverser la tendance », a dit Baba Ngom, le Sg du Cncr.

Selon lui, c’est une lourde responsabilité pour ces populations et pour notre pays, des enjeux énormes qu’il faudra gérer et relever le défi. Partout où la mission s’est rendue, les explications et raisons ont été nombreuses et variées. À Gandé par exemple, les raisons évoquées par les populations sont surtout liées au manque d’eau. Le seul forage de la communauté rurale ne parvient pas à satisfaire les besoins en eau des populations de la quarantaine de villages polarisés. « C’est une contrainte énorme, pour nous. L’eau est insuffisante et nos principales activités tournent autour de l’agriculture et de l’élevage. C’est pourquoi nous sommes bloqués et nous ne pouvons pas puiser davantage sur les fonds du Cilss pour des activités d’embouche, de maraîchage, de reboisement et autres. Les seuls projets que nous pouvions faire et qui nous sont financés sont des projets d’infrastructures de base comme les écoles, des projets portés par le conseil rural », a laissé entendre le président de la communauté rural, Ndiap Faye. Autres localités, autres réalités, c’est le cas pour Mbédiène et Léona. Ici, même si les initiatives ne manquent pas avec le financement de beaucoup de projets, les populations sont pénalisées par le manque de maîtrise des procédures d’élaboration des projets pour accéder aux fonds. Conséquences, plus d’une centaine de projets ont été rejetés par la commission nationale. « Ce qui nous dérange dans tout cela, c’est que nos projets ont été rejetés sans que l’on puisse nous dire pourquoi », s’exclament les populations. C’est ainsi que les membres de la mission se sont engagés à porter les revendications des populations vers les responsables du projet et voir dans quelle mesure elles pourront bénéficier de renforcement de capacités et d’un encadrement soutenu pour renverser la tendance.

OUSMANE MBENGUE