Cela risque de n'être que le commencement de la fronde. Après un mot d'ordre de grève ciblé pour pousser au redressement de la situation de l'hôpital de Louga, les syndicalistes envisagent de corser la dose.

(Correspondance) - Les travailleurs de l’Hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga et leurs collègues du district sanitaire ont unanimement suivi le mot d’ordre de leur syndicat, le Sutsas, pour avoir débrayé pendant deux jours, de 10 h à 12 h. Mais au-delà des revendications générales posées par la direction de ce syndicat, dont l’essentiel tourne autour du paiement des primes de motivation que le gouvernement s’était engagé à honorer, les agents sanitaires de Louga sont allés plus loin dans leur lutte. Au cours de l’assemblée générale de mobilisation qu’ils ont tenue dans l’enceinte même de l’hôpital, Mame Samba Bâ, le secrétaire général de la section départementale du Sutsas et ses camarades ont fustigé le comportement des anciens administratifs de l’Hôpital, aujourd’hui affectés dans d’autres structures, mais qui ont laissé derrière eux ‘une situation de banqueroute que la structure sanitaire régionale est en train de vivre’. Pour étayer leurs propos, les syndicalistes n’ont pas hésité à mettre sur la table de la nouvelle direction une plate-forme revendicative qui met en relief le mal-vivre de l’Hôpital et de son personnel, dont la plupart ne reçoit plus des primes de garde, alors qu’ils en ont droit.

Si leur structure en est arrivée à ce point, c’est parce que des recrutements abusifs ont été faits, sans l’avis des autres membres de commissions, pourtant parties intégrantes de la gestion de l’Hôpital, dénoncent les syndicalistes : ‘Des hommes politiques comme le président du Conseil régional, des chefs religieux ont un quota de parents et amis à recruter. Finalement, c’est devenu pour nous un poids financier énorme que les moyens de l’hôpital ne peuvent pas soutenir’, explique Badara Diop, le chargé des revendications du Sutsas-Section Louga. Ce que confirme le secrétaire général qui relève que ‘les 2 millions qui servaient au paiement des primes de garde sont reversés à des gens qu’on a recrutés pour ne rien faire. Aujourd’hui la ville manque de bonnes, car toutes les filles qui officiaient dans les maisons ont été prises par l’Hôpital’. A ces différents maux, les syndicalistes ajoutent les récurrentes pénuries de médicaments, la baisse des recettes de l’hôpital qui passe de 30 millions à 15 millions, les dettes dues aux institutions financières comme l’Ipres, etc.

Pour toutes ces raisons, la nouvelle direction de l’Hôpital qui vient à peine de poser ses baluchons, se trouve dans l'urgence de résoudre ces problèmes qui lui sont posés au risque de voir ‘les travailleurs engager avec elle la bataille’. Mais ce qui semble motiver le plus les militants du Sutsas de Louga et qui les a poussé à se coaliser avec Leurs camarades de la Cnts, c’est sans nul doute ‘les vœux du gouvernement qui cherche à diviser les agents par le paiement des primes de motivations de 150 000 F aux seuls ‘étatiques’, en laissant en rade les contractuels alors que le travail au niveau des structures sanitaires est fait par tout le monde’. Cet état de fait est pour les syndicalistes, une aberration car ‘les cotisations au niveau des institutions comme l’Ipres engagent tout le monde’.

Ama DIENG