L’opération de retrait des cartes d’électeur se poursuit à Louga. Mais, certains peinent encore à les récupérer. D’où leurs inquiétudes. N’empêche, ils sont disposés à les récupérer, quelle que longue sera l’attente.

(ENVOYEE SPECIALE) - Assise juste à l’entrée d’un des bureaux du Cedeps (Centre départemental d’éducation populaire et sportive) de Louga aménagé pour le retrait des cartes d’électeur et des cartes d’identité numérisées, Aïda Seck a l’air préoccupé. Et pour cause : « c’est la sixième fois que je me présente ici. Mais, à chaque fois, on me fait savoir que mes cartes ne sont pas disponibles et on me demande de revenir. J’ignore vraiment la raison », confie-t-elle. Pour cette habitante de Makka Bira Guèye, localité située à 7 kilomètres de Louga, « même si je me suis inscrite plus ou moins tard, je crois que ce n’est pas une raison. Quand je quitte mon village pour venir ici, je paie le transport. C’est coûteux. Tant que je n’aurais pas mes cartes, je me présenterais ici », affirme-t-elle.

Dommage. Aïda va devoir repasser dans 10 à 15 jours. La déception se lit sur le visage d’Aïda Seck qui espérait en finir avec les va-et-vient entre son domicile et le lieu de retrait de ses cartes. Sur un ton empreint de tristesse, de désolation, elle lance : « Je ne sais pas quand est-ce que j’aurais mes cartes. C’est dur, mais je vais revenir ».

Elle partage le même sort que Dieynaba Dia qui habite Ndiaye Peulh, un village situé à 15 kilomètres de Louga et qui vient pour la troisième fois au Cedeps pour être en possession de ses cartes. Selon elle, quand on lui donne rendez-vous le matin, on lui demande de repasser à 15H. « Pour cette raison, je passe la journée à Louga, alors que j’ai autre chose à faire. Mais, tant je ne les obtiendrais pas, je vais continuer à venir », promet cette dame qui dépense 500 F Cfa pour son transport à chaque fois qu’elle vient à Louga pour les besoins de retrait de ses cartes. Mais, tempère-t-elle : « Je veux voter, je crois que cela vaut le coup ».

« Je ne suis pas découragée »

Cette opinion est partagée par Mamadou Diagne qui s’est déplacé à 5 reprises. Mais, il estime qu’on ne peut pas accomplir un devoir civique aussi important que le vote sans se fatiguer. « L’essentiel, c’est d’avoir mes cartes afin que je puisse me présenter le 25 février prochain pour élire le candidat de mon choix », soutient-il.

Mouhamed Sow, un jeune d’une vingtaine d’années, déclare lui aussi faire de multiples déplacements pour récupérer ses cartes. « Mais, à chaque fois, on me remet mon récépissé pour me demander de repasser », se plaint-il. Awa Kébé qui a décompté six déplacements pour les besoins de retrait de ses cartes, déclare qu’elle n’est pas au bout de ses peines. « Je ne me fatigue pas. D’autant qu’on m’a dit que tous ceux qui ont déposé à la même période que moi, c’est-à-dire en décembre 2005, n’ont pas encore leurs cartes. En tant que citoyenne, je ne suis pas découragée. J’attends encore. Il faut que j’aie mes cartes. Et je souhaite les recevoir aujourd’hui ». Quand elle s’est présentée pour la troisième, elle a voulu aller au tribunal pour faire une réclamation. Mais, on lui a signifié que son nom figure bien sur les listes. Donc, elle doit patienter. Heureusement qu’elle est prête pour cela.

Thierno Birahim Thiam, secrétaire adjoint de la commission de retrait des cartes au niveau du Cedeps de Louga, estime que l’opération se déroule normalement même s’il y a quelques manquements. Dans l’ensemble, 14.000 cartes sont déjà distribuées dans cette commission sur un total de 28.000. S’agissant des problèmes rencontrés par les populations pour disposer de leurs cartes, ce qui les pousse à faire plusieurs déplacements, il déclare : « Si nous ne trouvons pas les cartes, nous leur demandons de revenir. C’est à la Cena (Commission électorale nationale autonome) de réagir, d’avertir le ministère de l’Intérieur ». M. Thiam de déplorer que les populations ne comprennent pas toujours et réagissent souvent mal quand elles ne trouvent pas leurs cartes sur place. « Elles ne comprennent pas le rôle que nous jouons. Elles ignorent également que deux personnes peuvent s’inscrire le même jour et ne pas disposer de leurs cartes à la même date », regrette-t-il.

Maïmouna GUEYE