La ville de Louga et au-delà tout le Ndiambour pleure Mademba Diop dit Mass Diop. Un artiste de dimension exceptionnelle arraché à notre affection à l’âge de 79 ans. Ce natif du Ndiambour, une région connue pour son rayonnement culturel, est à l’origine de la création en 1951 du Cercle de la jeunesse de Louga qui a eu ces moments de gloire et qui a vu passé plusieurs générations d’artistes. “ C’est Mademba Diop qui a fondé le cercle de la jeunesse avec des amis comme Elimane Thiam, Mbole Seck et Birahim Dieng, entre autres ”, fait savoir Youssou Mbargane Mbaye, artiste, premier vice-président du Réseau national des communicateurs traditionnels du Sénégal, président national de la Fédération sénégalaise de théâtre populaire et de musique et directeur de la troupe communale de Louga.

D’ailleurs, si beaucoup d’artistes sénégalais, notamment ceux de la région de Louga, sont sortis de l’anonymat, c’est grâce à leur passage dans ce temple culturel, lieu de formation, d’initiation, créé par feu Mademba Diop, pour mieux imprégner les jeunes de leur culture. “ C’est lui qui m’a formé. C’est mon guide. C’est un homme extraordinaire. C’était un musicien hors pair. Quand on parle de “ self made man ” c’est Mademba Diop ”, témoigne Youssou Mbargane Mbaye qui révèle également que Mademba est le père du théâtre populaire au Sénégal. Il a aussi été l’un des premiers inspecteurs de la jeunesse.

Pour Youssou Mbaye, il incarne “ l’école ” de Louga au plan culturel. Et si le Cercle de la jeunesse de Louga s’est très tôt distingué, c’est grâce à son génie créateur. D’ailleurs, c’est sous sa direction que la troupe culturelle de Louga remporta toutes les coupes mises en compétition entre 1957 et 1970, année où le cercle de la jeunesse fut consacré troupe “ hors-concours ”, se rappelle Youssou Mbargane Mbaye. C’est à Sakal, localité distante seulement de quelques kilomètres de Louga que feu Mademba Diop s’est fait remarqué, alors qu’il était recruté dans une boutique de commerce. “ Mais tous les soirs, il jouait de la guitare, du saxo, de la trompette ”.

Dans son témoignage, Youssou Mbaye souligne que nombreux sont les artistes sénégalais qui doivent beaucoup à feu le doyen Mademba Diop. “ Beaucoup de chanteurs dont Youssou Ndour, El Hadj Faye, Adji Daro Mbaye, Fatou Talla Ndiaye, entre autres, lui doivent des chansons. Même la chanson tant controversée “ Boubou Ngaari ” est de Mademba Diop. Nous l’avons joué dans un ballet à Mexico en 1973 ”. Poursuivant, il ajoute qu’il était aussi un grand poète en langues nationales. “ Il a écrit beaucoup de pièces de théâtre qui ont été primées sur le plan national ”.

Père du théâtre populaire, Mademba Diop a fondé la Fédération sénégalaise de théâtre populaire et de musique quand il était directeur de la jeunesse et des activités socio-éducatives au ministère de la Jeunesse. Ensuite, c’est lui qui est à l’origine de l’édification des Centres départementaux d’éducation populaire et sportive (Cdeps).

Père de Dembel Diop du Super Diamono, Mademba Diop a été enterré hier au cimetière de Yoff. La rédaction du Quotidien national “ Le Soleil ” présente ses condoléances à sa famille et à tous les artistes et hommes de culture du Sénégal. Que la terre lui soit légère.

Maïmouna GUEYE